L'accord de Kunming-Montréal a été entériné ce lundi 19 décembre au Canada. Son objectif est d'arrêter et d'inverser l'effondrement de la biodiversité dans le monde. Des avancées sont significatives, d'autres décevantes. Bilan.
La COP15 s'est conclue sur un objectif historique : protéger 30 % des mers et des terres de la planète d'ici 2030, alors que seules 17 % des terres et 8 % des mers sont actuellement protégées.
Les terres dégradées par les activités humaines ont également été prises en considération : l'objectif fixé est de restaurer 30 % des terres dégradées, mais sans précision sur le nombre d'hectares que cela représente.
Le difficile accord sur les pesticides
Les risques liés à l'usage des pesticides ont été âprement discutés, l'Europe étant très isolée sur ce sujet, même si elle est loin d'être exemplaire. Elle continue d'exporter des pesticides interdits sur ses sols, et la France n'a pas du tout réduit l'usage de ses pesticides malgré deux plans écophytos mis en place depuis plus de 10 ans.
Le texte de l'accord mentionne le nom pesticide, avec un objectif de réduction des risques de 50 %. La notion de risque est très importante : les États-Unis ont nettement diminué leur utilisation de pesticides, mais ont augmenté leur usage de pesticides néonicotinoïdes tueurs de pollinisateurs, augmentant le risque d'atteinte à la biodiversité d'un facteur 4. L'accord mentionne l'agroécologie et la nécessité de son développement.
30 milliards de dollars d'aides
La question des budgets et des aides financières alloués à la protection et la préservation de la biodiversité a fait l'objet de vives tensions. Actuellement, 10 milliards de dollars sont attribués au vivant tous les ans ; un compromis a été trouvé sur 20 milliards de dollars par an en 2025 et 30 milliards à partir de 2030. Ces budgets seront alloués par le Fonds mondial pour l'environnement.
Des indicateurs précis manquent à l'accord : ils font l'objet d'un comité d'experts et devraient être adoptés lors de prochaines réunions, mais ces garanties indispensables ne sont pas posées pour le moment. De plus, les entreprises ne sont pas tenues de rendre public leur impact sur la biodiversité.
Le cadre fixé est une grande avancée, mais il manque encore de mécanismes contraignants et obligatoires.
"Ce n'est pas cet accord qui nous donne la garantie qu'on va enrayer la perte de biodiversité." résume Pierre Cannet, directeur de campagne du WWF.