Le géant de l'agrochimie Monsanto, récemment racheté par le groupe allemand Bayer, a perdu un procès aux États-Unis contre Edwin Hardeman, un citoyen américain. Ce dernier a utilisé pendant 30 ans du Roundup, un herbicide à base de glyphosate, et souffre aujourd'hui d'un lymphome non hodgkinien.
Un tribunal fédéral de Californie vient de condamner Bayer (Monsanto) à verser 80,8 millions de dollars à Edwin Hardeman. Le tribunal a estimé que le glyphosate présent dans l'herbicide utilisé pendant une trentaine d'années par M. Hardeman a été un "facteur substantiel" dans le déclenchement de son cancer, un lymphome non hodgkinien.
Bayer a annoncé avoir fait appel de cette décision. Ce procès pourrait faire jurisprudence dans environ 700 plaintes similaires déposées aux États-Unis, contre le géant de l'agrochimie.
Le procès n'est pas pour autant terminé. Bayer avait réussi à obtenir du juge Vince Chhabria qu'il sépare le procès en deux phases distinctes : la deuxième phase doit démontrer la responsabilité de Monsanto dans le fait d'avoir sciemment caché la dangerosité de son herbicide.
Seront cités les "Monsanto papers", les documents internes de Monsanto mettant en doute la sûreté du glyphosate, et démontrant que des souris exposées à cette molécule avaient développé une tumeur rénale rare. Ces documents contiennent notamment des échanges publiés entre les cadres de Monsanto, mettant en avant la volonté de ne pas mener de tests sur le lien cancer-glyphosate, et de "détruire" toutes les expertises démontrant la dangerosité de l'herbicide.
En août 2018, le groupe Bayer avait déjà été condamné à indemniser Dewayne Lee Johnson, un jardinier américain, atteint d'un cancer en phase terminale, à 289 millions de dollars (somme ensuite réduite à 78,5 millions de dollars). La responsabilité des herbicides à base de glyphosate utilisés par le jardinier dans le développement de son lymphome non hodgkinien, avait été reconnue.