C'est la grande surprise dans les nominations du gouvernement Macron. Nicolas Hulot est ministre d'État à la transition écologique et solidaire. Une décision saluée par tous les défenseurs de l'environnement, mais une tâche qui s'annonce rude.
Le programme d'Emmanuel Macron, peu ambitieux en matière d'écologie et de transition énergétique, avait beaucoup inquiété les défenseurs de l'environnement.
Nicolas Hulot lui-même s'était insurgé contre la pauvreté de ce programme et l'absence totale de la thématique environnementale lors du débat de l'entre-deux tours.
Mais le président de la Fondation Nicolas Hulot a accepté un poste stratégique, ministre d'État avec un portefeuille couvrant la transition écologique, énergétique et solidaire.
"Ceux qui me connaissent savent qu’être ministre n’est pas pour moi un objectif en soi. Je pèse toutes les implications de cette décision. Cependant, j’ai l’intention, sans en avoir la certitude que la donne politique ouvre une nouvelle opportunité d’action que je ne peux pas ignorer. Je considère surtout que l’urgence de la situation m’impose de tout tenter pour faire émerger le nouveau modèle de société que nous appelons collectivement de nos vœux. J’espère que cette nouvelle donne offrira un terreau fertile pour le construire enfin" publie-t-il sur son compte Facebook.
Certains dossiers vont être brûlants, comme la construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes auquel Nicolas Hulot s'est toujours opposé, même s'il prenait acte du résultat du référendum mené "en dépit du bon sens". Un médiateur a déjà été nommé par Emmanuel Macron sur le sujet.
La diminution de la part du nucléaire dans le mix énergétique français, la fermeture de la centrale de Fessenheim, la transition énergétique vers une économie décarbonée, font partie de dossiers particulièrement épineux que le nouveau ministre va devoir gérer. Il se retrouve face à un premier ministre, Édouard Philippe, ancien lobbyste chez Areva, très favorable au nucléaire, et qui s'est également opposé à la fermeture d'une centrale à charbon au Havre.
De même, sur les dossiers comme la taxe carbone, la taxation du diesel et la fiscalité écologique auxquelles Nicolas Hulot est très attaché, il va sans aucun doute devoir affronter le nouveau ministre de l'économie Bruno Le Maire, en désaccord avec ces mesures. Le nouveau ministre de la transition écologique est également historiquement hostile au traité de libre-échange avec le Canada (CETA), à l'inverse de la position d'Emmanuel Macron.
L'ardent défenseur de l'environnement n'aurait jamais accepté un tel poste sans de solides garanties, sous peine d'une rapide démission dans les semaines à venir. Sur quels sujets a-t-il réussi à convaincre Emmanuel Macron ? Nicolas Hulot a toujours voulu dépasser les clivages traditionnels gauche-droite et a réussi, tant bien que mal, à dialoguer et travailler avec tout le monde. Espérons qu'il réussisse à s'imposer dans un gouvernement qui ne lui est pas ouvertement favorable.
Il travaillera avec Élisabeth Borne, acienne présidente de la RATP promue ministre déléguée aux transports. Sa directrice de cabinet sera Michèle Pappalardo, ancienne présidente de l'ADEME.