L'association France Nature Environnement (FNE), en partenariat avec l'ONG allemande NABU ont réalisé des mesures de qualité de l'air à proximité du Port de Marseille, démontrant que les paquebots de croisière polluent considérablement l'air.
Les villes flottantes que sont les immenses paquebots de croisière ont un impact considérable sur la pollution de l'air.
Les ONG FNE et NABU ont effectué des mesures de la concentration de particules ultra-fines (PUF) dans l'air du Port de Marseille, à proximité des navires de croisière amarrés.
"D'après les mesures que nous avons réalisées au parc du Pharo sur les hauteurs de Marseille et dans le terminal Croisières du Grand port maritime, la pollution en PUF est 20 fois supérieure près des paquebots" déclare FNE.
Un fioul chargé en dioxyde de soufre
Les navires de croisière utilisent un fioul lourd, chargé en soufre à 3,5 %, jusqu'à 3500 fois plus polluant que le diesel automobile.
La combustion de ce fioul émet du dioxyde de soufre, polluant nocif pour la santé et l'environnement : il contribue aux pluies acides et aux maladies respiratoires et gastriques.
La réglementation européenne et internationale n'oblige pas les armateurs à équiper leurs navires de filtres à particules. Dans les ports, les moteurs continuent de tourner pour alimenter les restaurants, piscines et tous les équipements du paquebot.
Les ONG ont mesuré dans le port de Marseille une pollution "de fond" en l'absence de paquebot :
3 000 particules fines au cm3 (entre 20 nanomètres et 1 micromètre de taille) sont relevées en l'absence du paquebot, 6 000 au cm3 lorsque le paquebot est à quai et 200 000 au cm3 dans le panache de fumée.
"Cinquante mètres plus loin" dans les terres, "une usine semblable n'aurait pas le droit de fonctionner" sans filtres, souligne le docteur Axel Friedrich, consultant pour NABU.
Filtres, diesel et zone d'émission
FNE et NABU demandent aux décideurs d'imposer un fioul moins concentré en soufre (0,1 % de soufre maximum, comme pour le diesel automobile). Les ONG réclament une zone d'émission réglementée en Méditerranée, interdisant justement l'utilisation de carburant avec plus de 0,1 % de soufre.
Comme il est déjà pratiqué dans le port de Singapour, les associations demandent une réduction des taxes portuaires et droits de passage pour les bateaux les moins polluants.
Enfin, les ONG soulignent l'absolue nécessité pour les armateurs d'équiper systématiquement leurs bateaux avec un filtre à particules, dont le prix représente 1/1000ème du coût de construction, selon FNE.