Une commission d'enquête du Sénat a évalué à 101,3 milliards d'euros le coût annuel de la pollution de l'air en France. Impact sur la santé, sur l'agriculture ou encore la dégradation des bâtiments, la pollution de l'air est une "aberration sanitaire et économique" pour les sénateurs.
Le rapport "Pollution de l'air, le coût et l'inaction" voté à l'unanimité par ses 17 membres du Sénat de tous bords politiques, est un énorme pavé dans la mare.
Il dénonce de façon accablante les conséquences sanitaires et économiques de la pollution de l'air en France et l'insuffisance des politiques mises en oeuvres pour réduire cette pollution.
101,3 milliards d'euros. La somme est tellement astronomique qu'elle donne le vertige. C'est "a minima" ce que coûte la pollution de l'air aux français chaque année.
Une santé publique mis à mal
La pollution aux particules fines, à l'ozone, aux oxydes d'azote, au monoxyde de carbone a des conséquences sanitaires déjà connues. L'Organisation Mondiale de la Santé estime à 42000 le nombre de décès liés à la pollution de l'air chaque année en France.
Les pathologies provoquées ou aggravées par la pollution de l'air sont nombreuses : maladies respiratoires et cardio-vasculaires, asthme, allergies, cancer, infarctus... Elles ont non seulement un coût humain trop souvent dramatique, mais les répercussions économiques sont également considérables.
Les sénateurs estiment le coût de l'impact sanitaire de la pollution atmosphérique entre 68 et 97 milliards d'euros, entre frais d'hospitalisation et de consultation, coûts des traitements, arrêts de travail, mortalité prématurées... La pollution de l'air à l'intérieur des bâtiments est estimée à elle seule à 19,5 milliards d'euros.
Et ces chiffres demeurent des estimations restreintes, car ils ne sont basés que sur un nombre très limité de polluants, principalement l'ozone et les particules fines. L'effet cocktail des différents polluants est méconnu, par conséquent, il n'est pas intégré au calcul.
Conséquences économiques non sanitaires
Le rapport met aussi en avant les impacts de la pollution de l'air sur les rendements agricoles. Selon une étude Airparif, les rendements seraient en baisse de 10 % en région parisienne ces quinze dernières années. L'impact de la pollution de l'air sur la biodiversité, indispensable à notre survie et une agriculture productive, est méconnu.
L'impact des polluants sur les façades des bâtiments et la rénovation urbaine est également important. Le rapport évalue ce coût non sanitaire, toujours "a minima", à 4,3 milliards d'euros.
Aller plus loin dans la réglementation actuelle
La commission de sénateurs propose plusieurs pistes, indispensables pour limiter la pollution de l'air et ses conséquences.
Fustigeant l'abandon de l'écotaxe par le gouvernement, les sénateurs prônent une véritable fiscalité écologique, avec des taxes incitant "les émetteurs à modifier leurs comportements". L'alignement de la fiscalité de l'essence et du diesel et la déduction de la TVA sur l'essence et l'électricité utilisée par les voitures hybrides et électriques sont notamment préconisés.
La commission demande à intégrer dans la réglementation de mise sur le marché des produits phytosanitaires l'impact sur la qualité de l'air. Les étiquettes COV sont réclamées pour les émissions des produits d'entretien. Le soutien de l'innovation, notamment pour les inventions de modes de transport moins polluants, est également une piste à privilégier.