La Ferme industrielle des 1000 vaches, située à Drucat dans la Somme, est au coeur d'une nouvelle polémique. Autorisée à accueillir 500 bêtes, un contrôle inopiné de l'Etat a constaté la présence de 794 bovins.
Elle a déjà suscité de nombreuses levées de boucliers : l'existence même de la Ferme des 1000 vaches est dénoncée par des associations, élus, riverains, citoyens de tout l'hexagone.
Cette exploitation industrielle voulue par un entrepreneur du BTP, Michel Ramery, amasse dans d'immenses hangars des centaines de vaches qui ne verront jamais le jour.
Le déversement massif de nitrates généré par l'activité de cette ferme est une grande inquiétude environnementale : elle est de surcroît située près d'un site naturel exceptionnel, la Baie de Somme.
Le prix à la baisse du lait proposé par cette ferme, inférieur aux petites exploitations locales, pénalise toutes les fermes paysannes à taille humaine.
300 vaches non autorisées
Un contrôle surprise des services de l'Etat mardi a dévoilé que près de 800 vaches étaient présentes dans la ferme, contre 500 autorisées.
"J'avais indiqué que si on devait dépasser les 500 vaches, il faudrait qu'il y ait à nouveau une enquête publique. La demande n'ayant pas été faite, l'enquête n'ayant pas eu lieu, il y a eu là un manquement donc il sera sanctionné. J'applique toutes les règles et toute la loi" a déclaré le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll.
"L’exploitant a la possibilité de faire valoir ses observations dans un délai maximal de 7 jours. A l’issue de ce délai, il lui sera notifié un arrêté préfectoral de mise en demeure visant à respecter les prescriptions de l’arrêté préfectoral du 1er février 2013 en abaissant les effectifs de vaches laitières à hauteur de 500 vaches dans les plus brefs délais" annonce la préfecture.
"C’est une première victoire vers la fermeture" selon Michel Kfoury et Francis Chastagner de l’association Novissen, Michel Ramery ayant déclaré qu’avec un cheptel de seulement 500 vaches, ce serait la faillite.
Le rapport d'inspection a été publié, constatant que "l'état corporel général des vaches laitières est satisfaisant, à l'exception d'une dizaine de vaches à l'infirmerie, qui sont pour certaines maigres à très maigres (…) Quelques vaches adultes ont des pieds à parer, mais dans l'ensemble les pieds sont en bon état. Il semble que l'épisode de boiterie soit maîtrisé".
"Sur une des 4 aires de stationnement des animaux, le système d'évacuation des urines et des excréments n'est pas satisfaisant. Il en est de même dans le couloir d'accès à l'aire d'attente de la salle de traite. La stagnation de bouses et de liquides à ces endroits n'est favorable ni au confort des animaux ni à leur état sanitaire, ces points doivent être corrigés" pointe le rapport.
Un employé licencié dénonce l'exploitation
C'est un ancien employé de la ferme qui a dénoncé les abus de cette entreprise. Il pointe la maltraitance des salariés et des animaux. "Les salariés sont usés, comme les vaches" explique-t-il.
Dans une interview au quotidien Reporterre, il fustige les conditions de travail des employés, le climat social et les conditions de vie des vaches.
"Dans le troupeau, il y a au moins 300 vaches qui boitent. Elles sont fatiguées, maigres. Elles ont des ongles trop longs ou des sabots qui pourrissent. Elles marchent à longueur de journée dans leurs excréments. D’habitude, on nettoie tous les deux jours dans ce type d’élevage, là c’est tous les quinze jours. Les vaches sont sales" déclare-t-il.
Il souligne aussi le climat social très tendu sur l'exploitation. Le responsable "nous prend pour ses chiens. Quand on laisse traîner nos affaires, par exemple, il les jette (...) Quand je suis arrivé, il y avait une comptable, une secrétaire, deux responsables et trente-trois employés. Quand je suis parti, on n'était plus que quinze" affirme-t-il.