La ministre de l'écologie Ségolène Royal a annoncé un plan national d'action de sauvegarde des insectes pollinisateurs baptisé "France, terre de pollinisateurs". Plusieurs mesures vont être mises en place afin d'améliorer le gîte et le couvert des insectes, mais les pesticides ne sont pas au centre des mesures.
Le déclin des insectes pollinisateurs est un constat mondial très inquiétant. En France, on estime en moyenne à 40 % la perte d'abeilles ces dernières années.
En cause, les pesticides, notamment les néonicotinoïdes, la perte d'habitat et de nourriture, l'agriculture intensive et les monocultures, les espèces invasives comme le frelon asiatique ainsi que certains champignons, virus et acariens.
Les pollinisateurs sont indispensables à notre agriculture, notre alimentation et pour l'équilibre des écosystèmes. Leur action de pollinisation est estimée à 1,5 milliard d'euros à l'échelle de la France, 14 milliards pour l'Europe et 153 milliards pour le monde, chaque année.
Le plan "France, terre de pollinisateur" a pour objectif de réduire la mortalité des insectes pollinisateurs, représentés par l'emblématique abeille.
Les deux mesures phares de ce plan sont la mise en place de fauche tardive et de jachères fleuries sur 12000 km de bords de routes et d'autoroutes gérées par l'Etat, ainsi que la distribution de 5000 ruchers et gîtes pour insectes. Les associations déplorent que les collectivités n'aient pas été associées à cette démarche, le réseau routier français représentant 2 millions de km.
Pas d'implication du secteur agricole
Sur les pesticides, le plan est beaucoup plus frileux. Les pesticides néonicotinoïdes sont reconnus pour leur toxicité sur les pollinisateurs et l'environnement en général. Un amendement déposé par deux députés a été adopté à l'Assemblée pour interdire l'utilisation de ces molécules en France, allant à l'encontre des directives en Europe et de la position de Ségolène Royal. L'amendement devra encore passer la barrière des sénateurs.
"En plus de l’utilisation importante de pesticides, la régression des haies et des prairies et d’une manière générale la chute de la biodiversité dans l’espace agricole font disparaître les abeilles et les pollinisateurs sauvages. Sans une forte implication du secteur agricole sur ces enjeux essentiels dans le plan national d’action, il ne pourra être réellement efficace" résume Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à France Nature Environnement (FNE).
"Il n’y a pas une cause, mais des causes à la disparition des pollinisateurs. L’enjeu est de taille et demande de jouer sur plusieurs leviers simultanément pour restaurer les habitats et réduire l’usage global de pesticides de 50%. L’agro écologie peut répondre à ce défi pour le secteur agricole" explique Denez l'Hostit, président de FNE.