Le Brésil est frappé par une épidémie de dengue, transmise par le moustique Aedes aegypti. Des moustiques génétiquement modifiés ont été lâchés dans la nature pour limiter l'épidémie.
La dengue est une maladie tropicale transmise par les moustiques du type Aedes. La dengue est majoritairement une maladie sans complication mais très pénible à cause de fortes fièvres, de courbatures, de vomissements, pouvant entraîner la déshydratation et un syndrome d'épuisement.
La dengue peut cependant évoluer vers des formes sévères, hémorragiques, pouvant se révéler mortelles.
L'épidémie de dengue a déjà touché 745 900 brésiliens depuis le début de l'année, selon le ministère de la santé ; 169 décès sont à déplorer dans la région de Sao Paulo.
Le gouvernement brésilien a donné son feu vert pour lâcher 100 000 moustiques génétiquement modifiés afin de lutter contre l'épidémie.
Les moustiques OGM mâles de la souche d'Aedes Aegypti, appelés OX513A, sont fabriqués et vendus par l'entreprise britannique Oxitec.
OX513A attireraient les femelles sauvages pour copuler, mais leur progéniture ne pourrait pas atteindre l'âge adulte, selon Oxitec. Les moustiques ont été modifiés génétiquement pour être dépendant d'un antibiotique (la tétracycline). Les larves issues de l'accouplement de moustiques OX513ZA avec des femelles Aedes aegypti seraient incapables de survivre sans cet antibiotique.
Une usine d'Oxitec s'est implantée à une centaine de kilomètres de Sao Paulo et pourrait produire 550 000 moustiques OGM chaque semaine.
Une décision arbitraire et très inquiétante
L'entreprise Oxitec a réalisé des essais dans les îles Caïmans et en Malaisie, et clame une "excellente efficacité" de ses moustiques OGM.
Aucune étude indépendante n'a été réalisée pour vérifier les résultats d'Oxitec. De nombreuses ONG, associations environnementales et citoyens brésiliens sont très inquiets de cette décision.
Quelle conséquence sur la santé humaine, l'environnement, la biodiversité d'un lâcher massif de moustique OGM dans la nature ? Quel impact sur l'environnement et l'immunité humaine de ces moustiques chargés en antibiotiques ? L'éradication des moustiques Aedes aegypti pourrait également favoriser l'essor d'autres moustiques, comme le moustique tigre, également vecteur de la dengue et du chikungunya.
"Il n'existe aucun test de toxicité public qui prouve qu'être piqué ou avaler un moustique génétiquement modifié est sans danger pour les humains, les animaux domestiques ou sauvages" déclare l'ONG anglaise GeneWatch.
Oxitec explique que cette technologie est réversible : les moustiques sauvages reviennent une fois que les lâchers de moustiques OGM s'arrêtent. Une belle manne financière pour l'entreprise, qui inondera ainsi continuellement de moustiques génétiquement modifiés les zones touchées par la dengue.
Suite à une évaluation de cette expérimentation, la Malaisie vient de déclarer qu'elle n'utiliserait pas cette technologie, estimant ces lâchers de moustiques OGM "trop coûteux et inefficaces".