Le trafic de faux médicaments fait des ravages en Afrique. Principalement produits en Chine et en Inde, les faux médicaments se vendent partout sur le continent africain, dans des proportions alarmantes.
Un numéro spécial de l'American Journal of Tropical Medicine and Hygiene a estimé que deux faux médicaments antipaludéens sont impliqués dans le décès de 122 350 enfants en Afrique en 2013.
Le paludisme, maladie particulièrement meurtrière en Afrique, est soigné avec des faux médicaments dans des proportions catastrophiques : ils peuvent atteindre 40 % de la totalité des médicaments vendus au Ghana et au Cameroun, et près de 64 % au Nigeria.
Sur 17000 échantillons analysés (dont des antibiotiques et des antipaludéens), 9 à 41 % ne respectent pas les standards de qualité.
Trafic rentable et peu risqué
Un séminaire sur les faux médicaments s'est déroulé à Dakar le 29 avril dernier, organisé par la Fondation Chirac, la Fédération internationale des fabricants et associations pharmaceutiques (IFPMA) et l’Association pour l’information sur les médicaments (DIA).
"Alors que les pandémies transmissibles et non transmissibles affectent déjà gravement ces populations, les producteurs et trafiquants de médicaments falsifiés commettent un double crime : celui de tromper les patients dans leur espoir de pouvoir se soigner grâce à une prise médicamenteuse de qualité et celui de mettre en danger la vie de ceux recourant à un médicament au mieux sans effet, au pire toxique, voire mortel" a déclaré le médecin Marc Gentili.
Ce trafic est très lucratif pour les criminels et les risques d'être arrêté sont faibles. "Les systèmes réglementaires, législatifs et répressifs inadaptés ou insuffisants : sanctions peu dissuasives et inappropriées à la gravité du crime, absence de législation criminalisant la contrefaçon, absence de contrôle du circuit des médicaments, méconnaissance et/ou sous-estimation de l’ampleur du problème (quantité de faux médicaments en circulation, risques pour la santé publique…), insuffisance (voire absence) de coopération entre les différentes parties impliquées (douanes, forces de police, autorités judiciaires, industrie, professionnels de santé)" souligne la Fondation Chirac.