Le premier plan écophyto, né du Grenelle de l'environnement, visait à réduire de 50 % l'usage des pesticides d'ici 2018, soit en 10 ans. Aucune diminution, mais une augmentation de l'usage des produits phytosanitaires a été mesurée en France. Un deuxième plan écophyto est relancé.
Le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll a déclaré il y a quelques jours que "les produits phytosanitaires sont comme une bombe à retardement".
Conscient de la dangerosité des pesticides pour la santé humaine et l'environnement, Stéphane Le Foll relance un second plan écophyto après l'échec du premier.
Le plan écophyto 2 a l'objectif de réduire de 25 % l'usage des pesticides d'ici 2020, et 50 % d'ici 2025. Mais comment tenir ces engagements après le désastreux résultat du premier plan ? L'utilisation des pesticides avait augmenté de 9,2 % entre 2012 et 2013.
Transition agro-écologique
"2015, An 1 de l'agro-écologie" a été baptisée la conférence nationale pour engager une transition agro-écologique dans l'agriculture française. Le député Dominique Potier avait été mandaté pour établir un rapport sur le sujet, qui sera suivi dans les grandes lignes dans le plan écophyto 2.
Il préconise plusieurs axes, dont le développement des moyens techniques existants pour limiter l'utilisation des phytosanitaires, comme les agroéquipements de nouvelle génération et le développement de la lutte biologique.
Les fermes Dephy, qui sont des fermes de référence en matière de systèmes économes en phytosanitaires, devront se développer pour atteindre 3000 fermes en France. Le ministère estime que chaque ferme entraîne dans ses pratiques vertueuses 10 fermes autour d'elle, soit 30 000 exploitations qui amélioreraient leurs pratiques.
Les résistances dans les modifications des pratiques agricoles sont très importantes. Pour faire diminuer l'usage des produits phytosanitaires, des certificats d'économie de produits phytosanitaires (CEPP) vont être mis en place, avec obligation pour les distributeurs de phytos de diminuer de 20 % en 5 ans le nombre de doses utilisées (appelées NODU) et de les remplacer par des services de conseil en techniques alternatives aux phytos. Une pénalité financière sera appliquée aux distributeurs qui n'atteignent pas ces objectifs, de 11 euros par Nodu non économisé.
Le plan Ecophyto 2 comprend aussi une partie Recherche et Développement, afin d'améliorer le biocontrôle, les agroéquipements, l'innovation variétale, la flore adventice.
Les techniques alternatives, la clé de la réussite
Le système agricole doit être repensé en profondeur pour réduire l'usage des produits phytosanitaires, ainsi que la Politique Agricole Commune (PAC) pour 2020. Le rapport Potier contient de nombreuses propositions dans ce sens.
"Aujourd’hui la grande culture représente à elle seule 70% des usage de pesticides, la viticulture 20% de ces usages. Avec 2 types de cultures nous avons près de 90% de tous les usages de pesticides. Si on travaille efficacement sur ces cultures, l’effet positif pourrait se faire sentir rapidement" souligne François Veillerette, porte-parole de l'association Générations Futures.
"Sur la grande culture, dans de nombreux domaines, la recherche a déjà produit des effets comme le prouve des recherches réalisés en Picardie/Normandie qui montrent que lorsque des fermes tentent le défi, elles ne perdent pas en rentabilité. 4 Années sur 5 les exploitations sont même plus rentables ! Tout cela rendu possible par l’accompagnement de techniciens formés à ces techniques alternatives" ajoute-t-il.