La Préfecture de Paris a pris un arrêté annulant l'interdiction des feux de cheminée à foyer ouvert à Paris et dans 435 communes de la région parisienne. Une décision surprenante dans un contexte où la lutte contre la pollution aux particules est un enjeu majeur de santé publique.
Les feux de cheminée à foyer ouverts, fortement émetteurs de particules fines, seront finalement autorisés à Paris et en région parisienne.
Une décision de la ministre de l'écologie Ségolène Royal, qui ne manque pas de susciter des interrogations.
La concentration de particules fines dans l'air dépasse régulièrement les valeurs limites d'exposition en Ile-de-France.
La Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie (DRIEE) estime que la pollution aux particules réduit l'espérance de vie des franciliens de 6 mois.
La Cour de Justice de l'Union Européenne a assigné la France pour les dépassements des normes européennes en termes de particules fines PM10, dans 16 zones de l'hexagone.
Foyers ouverts très polluants
Airparif s'occupe de la surveillance de la qualité de l'air en Ile-de-France. Une étude menée par l'association avait permis de déterminer l'origine des émissions de particules fines.
L'étude "met en évidence qu’à proximité d’un axe routier comme le Périphérique, les particules fines sont produites localement à près de 60 %, avec une contribution importante et stable du trafic routier (44 %), le chauffage au bois n’y contribuant que de façon secondaire. Tandis que dans l’agglomération parisienne, en situation éloignée du trafic, les particules que l’on observe proviennent à près de 70 % d’import de pollution en provenance d’autres régions françaises, voire européennes. Parmi les 30 % de particules locales, la contribution du trafic et du chauffage au bois résidentiel est importante et similaire (7-8 % des particules respirées)" estime Airparif.
Le chauffage au bois résidentiel représenterait au niveau régional 23 % des émissions totales de particules PM10 (de taille inférieure ou égale à 10 microns) et 32 % des émissions de PM 2,5 (inférieures ou égales à 2,5 microns, pouvant se loger profondément dans les voies respiratoires). L'arrêté préfectoral interdisait uniquement les feux dans les cheminées à foyer ouvert, qui émettent 8 fois plus de particules fines que les foyers fermés avec un insert performant.
Ségolène Royal avait qualifié de "ridicule" l'interdiction des feux de cheminée à foyer ouvert et de "sectaire" l'étude d'Airparif, dénonçant "des chiffres complètement faux", revenant ensuite sur ses propos en adressant une lettre à l'association lui donnant "toute sa confiance". Mais elle n'est pas revenue sur sa décision d'autoriser les foyers ouverts très polluants.