La ministre de l'écologie Ségolène Royal a qualifié "d'excessive" l'interdiction des feux de cheminée à foyer ouvert en Ile-de-France et veut l'abroger. Pourtant, les émissions de particules fines issues du chauffage au bois sont équivalentes à celles des transports routiers, selon une étude d'Airparif.
Les feux de cheminée à foyer ouvert doivent normalement être interdits à Paris et dans 435 communes d'Ile-de-France à partir du 1er janvier 2015.
Cette mesure s'inscrit dans le Plan de Protection de l'Atmosphère pour l'Ile-de-France et vise à diminuer les niveaux de concentration de particules fines (PM10) dans l'air, très nocives pour la santé.
Responsables de 42000 décès chaque année en France, elles réduisent l'espérance de vie de 6 mois dans l'agglomération parisienne.
La ministre de l'écologie a fait ce matin une sortie inattendue, déclarant cette mesure "un peu ridicule", ajoutant qu'elle fera "changer cette partie de l'arrêté préfectoral". "On nous a fait croire que ça polluait plus que les voitures au Diesel" déclarait-elle ce matin sur France 2.
Oui, les cheminées ouvertes polluent
Une étude d'Airparif confirme sans appel le rôle considérable du chauffage au bois résidentiel dans la pollution aux particules fines. Il représente 23 % des émissions totales de particules PM10, soit autant que l'échappement des véhicules routiers selon la DRIEE (Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie). Le chauffage au bois émet également 32 % des émissions totales de particules PM2,5.
"La consommation du bois de chauffage contribue à hauteur de 88 % aux émissions de particules du secteur résidentiel alors qu’il ne couvre que 5 % des besoins d’énergie pour le chauffage" souligne Airparif.
Ce n'est pas l'ensemble de la filière du chauffage au bois qui est en cause. Les poêles, chaudières au bois, cheminées avec insert ont un bon rendement énergétique, tout particulièrement ceux labellisés Flamme Verte. Mais les cheminées à foyer ouvert, sans vitre de protection ou enceinte de combustion, ont un très mauvais rendement et émettent beaucoup de particules fines.
"Les foyers ouverts constituent plus de la moitié de ces émissions dues au chauffage au bois, car ils émettent 8 fois plus de particules qu'un foyer fermé avec un insert performant, pour une même quantité d'énergie consommée" explique la DRIEE.
Une interdiction de la combustion dans un foyer ouvert sera certes difficile à faire respecter. Mais n'est pas excessive, comme le qualifiait Ségolène Royal, au regard de ces chiffres et constats.
Financer des inserts ?
L'installation d'in insert bénéficie d'un crédit d'impôt transition énergétique à hauteur de 15 % du cout TTC de l'équipement.
"Si on aide les gens à s'équiper en leur donnant, comme ça a été fait dans la vallée de l'Arve, en Haute-Savoie, 1 000 euros chacun pour s'équiper avec un insert par exemple, on sait que c'est beaucoup plus efficace pour diminuer les émissions qu'un arrêté qui serait très difficile à faire respecter" expliquait le porte-parole de France Nature Environnement Benoît Hartmann.
