Les Jeux Olympiques de Sotchi ne sont pas qu'une fête sportive. Les préoccupations environnementales et les droits humains sont piétinés par les autorités russes. Un militant écologiste qui avait préparé un rapport sur les impacts environnementaux des travaux des Jeux écope de 3 ans de prison ferme.
Sotchi, ce n'est pas une fête pour tout le monde, en particulier pour les riverains, les défenseurs de l'environnement et tous ceux qui osent critiquer les travaux pharaoniques voulus par Vladimir Poutine pour les infrastructures des Jeux Olympiques.
Le discours officiel des autorités russes et du comité olympique laisse un goût bien amer. "Des Jeux ayant un impact minimum sur l'environnement" peut-on lire. Mais où sont les valeurs de l'Olympisme dans des Jeux synonymes d'expropriation, de corruption, de pollution ?
A une dizaine de kilomètre du centre-ville, on trouve une immense décharge à ciel ouvert, où ont été jetés pêle-mêle tous les produits toxiques imaginables. Plastiques, lampes au mercure, produits chimiques, hydrocarbures, polluent le sol, l'air et la rivière qui passe à proximité et va se déverser dans la mer.
L'eau polluée, n'est pas potable pour les riverains, l'air pollué par la décomposition des déchets irrespirable. Des centaines de russes ont été expropriés manu militari par les autorités, car ils ont eu la malchance d'avoir leur maison située à proximité d'une infrastructure olympique. Leur maison est détruite, sans compensation. Quant aux dégâts sur la faune et la flore locale, ils sont inestimables. Mais en Russie, les écologistes n'ont pas le droit de le dire.
Les écologistes muselés
Le militant Evgueni Vitichko a participé à la rédaction d'un rapport dénonçant tous ces scandales humains et environnementaux. Il a été condamné en 2012 avec un autre militant à 3 ans de prison avec sursis pour avoir percé une clôture érigée illégalement dans une forêt autour d'une résidence du gouverneur de la région de Krasnodar. Il avait osé écrire "c'est notre forêt".
Arrêté à quelques jours de l'ouverture des JO, Evgueni Vitichko a écopé de 15 jours de prison ferme pour "violence verbale". Sa peine de prison avec sursis s'est commuée en 3 ans de camp pour "atteinte aux biens", le tribunal ajoutant qu'il n'avait pas respecté ses obligations, ne s'étant pas présenté à deux reprises aux autorités pénitentiaires.
Les écologistes russes subissent tous de nombreuses pressions, allant jusqu'à l'incarcération, pour ne pas s'adresser aux journalistes pendant les Jeux. Et leurs conditions de garde à vue et d'incarcération sont inhumaines.
"La flamme olympique braque la lumière sur les atteintes aux droits humains en Russie. Elle nous éclaire par ailleurs sur les actions du CIO face aux violations des droits fondamentaux commises dans le contexte des JO. La réticence du Comité à tancer les autorités russes pour les discriminations et le harcèlement dont elles continuent à se rendre coupables est un manquement aux principes qui sont au cœur de la Charte olympique" dénonce Amnesty International.
L'association de défense des droits de l'homme a écrit à Thomas Bach, président du CIO, sommé d’aborder avec les autorités russes la question du harcèlement dont sont victimes des militants écologistes. La réponse est encore attendue.