La pêche en eaux profondes est une pratique qui détruit les écosystèmes et la biodiversité marine. En dépit d'une forte mobilisation pour faire cesser ces pratiques de pêche non durables et de surcroît non rentables, le Parlement européen va continuer à l'autoriser.
Le chalutage en eaux profondes consiste à pêcher avec des filets capables de racler les fonds marins entre 400 et au-delà de 1500 mètres de profondeur.
La communauté scientifique et les associations de protection de l'environnement dénoncent ces pratiques détruisant toutes les espèces fragiles vivant dans les profondeurs.
Les filets raclant les fonds marins détruisent tout et capturent les coraux, les poissons qui sont pour la plupart rejetés par-dessus bord, les pêcheurs ne gardant que quelques espèces tels que le grenadier de roche, le sabre noir, la lingue bleue.
Les poissons d'eaux profondes et les coraux notamment sont des espèces vulnérables et mettent beaucoup plus de temps à se renouveler que des espèces vivant plus près de la surface.
"Sur 30 espèces connues, nous avons observé une durée de vie moyenne de 36 ans et une maturité sexuelle à partir de l’âge de 12 ans. Cela n’a rien à voir avec un anchois qui peut se reproduire dès qu’il atteint un an" explique au quotidien Le Monde le biologiste Philippe Cury, spécialiste des écosystèmes marins à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Une pêche vivant des subventions
La France, suivie par l'Espagne et le Portugal, a déployé tous ses moyens de pression sur Bruxelles pour faire capoter l'interdiction du chalutage en eaux profondes. Sur les 11 chalutiers européens, 9 sont français dont 6 appartiennent à l'enseigne Intermarché via Scapêche, premier armateur de pêche en France pratiquant le chalutage en eaux profondes.
Cette pêche n'est pas rentable d'un point de vue économique. Largement déficitaire, elle vit uniquement des millions d'euros de subventions européennes. Selon l'ONG Bloom, Intermarché aurait perçu 10 millions d'euros de subventions entre 2000 et 2010.
L'emploi n'est pas non plus concerné, malgré les menaces de pertes d'emplois brandies par les défenseurs de cette pêche. La commissaire européenne chargée de la pêche, Maria Damanaki, a déclaré qu'il suffirait aux pêcheurs d'abandonner le chalutage au profit de la palangre, moins destructrice, pour maintenir voire augmenter les emplois.
Certaines enseignes de la grande distribution, comme Casino et Carrefour, ont décidé de ne plus proposer de poissons d'eaux profondes.
Consultez l'excellente petite bande-dessinée de Penelope Jolicoeur, qui a fait le buzz et vous explique simplement et de façon ludique les principes de la pêche en eaux profondes : Chalutage en eaux profondes.
Et vous pouvez aussi signer la pétition qui a recueilli près de 800 000 signatures : Pétition contre la pêche en eaux profondes.
