Sous la pression des élus et agriculteurs bretons, le gouvernement a décidé suspendre l'écotaxe poids lourds. Une décision qui va coûter cher aux contribuables, pour une mesure qui fonctionne pourtant bien chez nos voisins européens.
Pour calmer les violentes manifestations bretonnes, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé hier la suspension de l'écotaxe poids lourds, afin de "donner le temps nécessaire d'un dialogue au niveau national et régional".
L'écotaxe poids lourds avait été votée par l'ancienne majorité lors du Grenelle de l'environnement en 2009.
Elle consiste à taxer les déplacements des poids lourds, afin de financer l'entretien des routes, d'optimiser le remplissage des camions et de développer des modes de transports plus propres, comme le ferroviaire et le fluvial.
Une dizaine de pays européens ont déjà adopté l'écotaxe. En Allemagne, la mesure rapporte 4,3 milliards d'euros par an à l'Etat. Le coût reporté sur le prix des marchandises représenterait une augmentation de 0,1 % à 0,2 %.
La suspension de cette écotaxe pose des problèmes environnementaux et financiers. La société Ecomouv', chargée par l'ancien gouvernement de mettre en place le dispositif, aurait déjà engagé entre 800 millions et un milliard d'euros d'investissements. Le manque à gagner pour les caisses de l'Etat avoisinnerait les 100 millions d'euros par mois.
"Les routes ne sont pas gratuites. Elles sont payées par les Français et usées par les camions. En outre le "tout camion" pollue et réchauffe le climat. " explique France Nature Environnement (FNE).
"Par ailleurs, la crise profonde que traversent certains secteurs agricoles ne saurait trouver de solution si nous sommes incapables de favoriser une production (notamment agricole) de proximité, faiblement émettrice de gaz à effets de serre et de pollutions atmosphériques" ajoute le réseau d'associations.
