Les députés de la Commission européenne de l'environnement ont décidé de plafonner les agrocarburants classiques, accusés d'encourager la déforestation, les gaz à effet de serre et la faim dans le monde. Les agrocarburants de deuxième génération seront privilégiés.
Les agrocarburants (anciennement appelés biocarburants) exploitent de façon croissante des terres agricoles pour la production d'oléagineux ou de céréales, utilisés pour la production du biodiesel.
A l'origine privilégiés pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, les agrocarburants ont en réalité un effet inverse et pervers.
Mauvais bilan carbone
Les études scientifiques sur le sujet ont démontré que le changement d'affectation des sols indirect (CASI), des sols à l'origine prévus pour la production alimentaire vers la production d'agrocarburants, oblige à trouver toujours plus de terres agricoles pour la production alimentaire.
Cette surexploitation de terres agricoles génére de la déforestation, la destruction de prairies ou de tourbières et produit l'effet inverse de ce qui était escompté : le bilan carbone des agrocarburants est mauvais. Ils génèrent des gaz à effet de serre, parfois avec des émissions supérieures aux énergies fossiles, notamment pour l'huile de palme, le soja, le colza.
Les députés européens ont pris en considération ce changement d'affectation des sols indirects dans la directive européenne sur le carburant. La part des agrocarburants de première génération (utilisant des cultures alimentaires) sera désormais plafonnée à 5,5 %. Un objectif de 2 % pour les agrocarburants de deuxième génération est fixé, ces derniers utilisant des déchets agricoles ou des algues.
Il semble que Bruxelles enfin reconnaisse son erreur sur la promotion des agrocarburants. "Je me félicite que la commission Environnement ait décidé de traiter le problème des émissions de gaz à effet de serre liées au changement indirect d'affectation des sols en les intégrant dans la législation, de plafonner la première génération et de promouvoir les agrocarburants avancés" a déclaré Corinne Lepage, rapporteure devant le Parlement européen de cet épineux dossier.
Une responsabilité dans l'insécurité alimentaire
"Après 2020, il n'est pas envisageable que la production de biocarburants utilise des terres agricoles en l'absence de bénéfices significatifs pour le climat" avait avertit Corinne Lepage. "On ne doit pas continuer à devoir choisir entre manger et conduire".
Les agrocarburants sont accusés par la FAO d'avoir une lourde responsabilité dans la crise alimentaire mondiale de 2008. Ils consacrent 100 millions de tonnes de denrées alimentaires aux pleins des automobiles, les retirant du marché alimentaire mondial, et entraînant ainsi une hausse des prix insupportable pour les pays en voie de développement et les plus démunis.