L'institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a mené une grande étude avec les données et la littérature scientifique disponible depuis 30 ans sur les pesticides. Les résultats sont clairs : l'exposition aux pesticides provoque des pathologies graves comme des cancers, des maladies neurodégénératives et altère notamment le développement de l'enfant.
On connaît depuis longtemps la toxicité des pesticides pour la santé et l'environnement, mais c'est la première fois que l'Inserm mène et dévoile les résultats d'une étude de grande ampleur, sur le lien entre exposition aux pesticides et développement de maladies graves.
Un groupe pluridisciplinaire d’experts, constitué d’épidémiologistes en santé-environnement, en santé au travail et de biologistes spécialistes de la toxicologie cellulaire et moléculaire a conclu, selon les données disponibles ces 30 dernières années, à une "association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte: la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non Hodgkinien, myélomes multiples)".
"Par ailleurs, les expositions aux pesticides intervenant au cours de la période prénatale et périnatale ainsi que la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l’enfant" ajoutent les experts.
Les pesticides sont partout dans l'environnement et nous y sommes tous exposés. On peut les trouver dans l’air (air extérieur et intérieur, poussières), l’eau (souterraine, de surface, littoral, …), le sol, et les denrées alimentaires (y compris certaines eaux de consommation).
Certains pesticides sont plus incriminés que d'autres dans le développement de pathologies graves, mais les experts rappellent que pour certaines données, ne pas être en mesure de conclure ne veut pas dire obligatoirement qu’il n’y a pas de risque, de nombreuses substances actives n’ayant pas fait l’objet d’études épidémiologiques.
L'association Générations Futures, qui s'implique sur le sujet, se félicite de cette publication. "Même si, comme le réclame justement les chercheurs de l’INSERM, il faut continuer la recherche scientifique dans ce domaine, cette publication sans appel qui montre la réalité du danger des pesticides doit conduire à une action publique forte et rapide en matière de réduction de l’usage des pesticides et d’exclusion des substances actives suspectées d’être cancérigènes, mutagènes, perturbateurs endocriniens ou neurotoxiques" déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
"Eu égard aux risques sanitaires, nous demandons également au gouvernement de légiférer pour qu’à terme les collectivités publiques n’utilisent plus ces produits et que ceux-ci ne soient plus vendus aux utilisateurs non professionnels. Les jardineries Botanic© ont montré depuis 5 ans que cela était possible en retirant complétement les pesticides de synthèse de leur magasins" ajoute-t-il.