L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié un rapport d'évaluation des risques du Bisphénol A (BPA). Les effets nocifs de ce perturbateur endocrinien sur l'enfant à naître sont particulièrement inquiétants.
Le rapport de l'ANSES sur le Bisphénol A est qualifié de "courageux" par le Réseau Environnement Santé (RES) "car il révolutionne l’expertise institutionnelle en dépit des pressions qui ont pu s’exercer sur l’ANSES".
Oui, le Bisphénol A est un perturbateur endocrinien nocif pour la santé. L'exposition au BPA, notamment pour les femmes enceintes, présente des "effets critiques" pour l'enfant.
Boîtes de conserves, bonbonnes d'eau, tickets de caisse
L'exposition des femmes enceintes au BPA a lieu principalement par l'alimentation, les produits en boîte de conserve y contribuant pour beaucoup, ainsi que certains aliments d'origine animale (viande, abats, charcuterie et certains produits de la mer). L'eau conditionnée dans les bonbonnes constitue également une source d'exposition au Bisphénol A, ainsi que la manipulation de tickets thermiques (tickets de caisse notamment).
"Concernant les résultats de l’évaluation des risques prenant en compte l’ensemble des milieux d’exposition : air, poussières sédimentées et alimentation (dont eaux destinées à la consommation humaine), et à l’exclusion de certaines situations d’exposition spécifiques (tickets de caisse, eau conditionnée dans des bonbonnes en polycarbonate), les conclusions montrent que certaines situations d’exposition de la femme enceinte au BPA présentent un risque pour la glande mammaire de l’enfant à naître." déclare l'ANSES.
La manipulation des tickets thermiques, "conduit à des situations à risque pour les 4 types d’effets considérés : glande mammaire, cerveau et comportement, appareil reproducteur féminin, métabolisme et obésité. Selon les hypothèses retenues, le risque concerne les enfants à naître des femmes enceintes manipulant des tickets thermiques, du fait de leurs activités professionnelles et/ou de consommation" ajoute l'ANSES.
Réduire son exposition au Bisphénol A
L'ANSES émet de nombreuses recommandations afin de réduire l'exposition au BPA, et recommande de poursuivre les recherches dans ce domaine.
Pour les femmes enceintes, réduire l'exposition au Bisphénol A consisterait à éviter de s'alimenter avec des aliments en conserve, à éviter de boire de l'eau en bonbonne et se protéger les mains en cas de manipulation de papiers thermiques.
"Les consommateurs ne pourront avoir confiance que lorsque l’industrie chimique cessera ce petit jeu cynique où un toxique chasse l’autre et adoptera une vraie approche globale de chimie verte pour concevoir des produits dépourvus de PE (perturbateur endocrinien, ndlr)" déclare Yannick Vicaire, chargé de mission au Réseau Environnement Santé (RES).
"Comme pour le BPA, la feuille de route de la Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens (SNPE) doit être axée autour de la protection du fœtus et donc de l’objectif de non-contamination de l’organisme des parents par aucun PE" ajoute André Cicolella, Président du RES.
En France, le Bisphénol A, récemment interdit dans les biberons et les contenants alimentaires poour les enfants, devra être banni de tous les contenants alimentaires d'ici 2015.
