L'association Générations Futures a mené une enquête dans le vignoble du Bordelais, sur l'exposition aux pesticides des salariés agricoles et des riverains des exploitations viticoles. Les résultats sont édifiants.
"Il est indispensable de reconnaître le scandale sanitaire des pesticides en France" résume Marie-Lys Bibeyran, salariée agricole ayant participé à l'étude.
Les pesticides tuent. Le frère de Marie-Lys Bibeyran est décédé d'un cancer en 2009. Elle se bat désormais contre les réticences administratives pour faire reconnaître le cancer de son frère comme maladie professionnelle.
L'exposition aux pesticides est particulièrement importante dans les exploitations viticoles. "Avec 783 milliers d’hectare en 2011, la vigne représente 3,7 % de la Surface Agricole Utile mais elle consomme à elle seule environ 20 % des pesticides" rappelle Générations Futures.
Les riverains aussi sont exposés
L'enquête menée par l'association et le laboratoire Kudzu Science a mis en lumière la forte exposition des riverains et salariés agricoles au cocktail de pesticides utilisé dans les exploitations. Même si l'échantillon des 25 personnes testées est limité, il est néanmoins parlant. L'analyse des mèches de cheveux de chacun a démontré que 4 des 15 salariés viticoles présentent 10 pesticides différents dans leur organisme.
5 fois plus de résidus de pesticides en moyenne ont été retrouvés chez les non-professionnels habitants près des vignes comparativement à ceux habitant loin des vignes. 74 % des pesticides actuellement autorisés sur vigne recherchés ont été retrouvés au moins une fois chez les personnes testées.
Plus de 45% des molécules retrouvées sont classées cancérigènes possibles en Europe ou aux USA et 36% sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens.
"A l’heure où va s’ouvrir le Salon International de l’Agriculture, ces résultats montrent clairement que l’exposition des travailleurs agricoles à des pesticides dangereux est importante, même si ceux-ci non pas manipulé les produits. Ce rapport montre également que le simple fait de vivre à proximité de zones cultivées, moins de 250 mètres, ce qui est sans doute le lot de millions de familles françaises, augmente votre exposition" déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
"On ne peut plus être à la fois malade et être ignoré en tant que victime, c’est une double peine inacceptable ! Il faut interdire les pesticides sur lesquels planent les soupçons de cancérogénicité et sans délai d’écoulement des stocks !" ajoute » ajoute Marie-Lys Bibeyran.