La France est une nouvelle fois poursuivie par la Commission Européenne pour son incapacité à lutter contre les pollutions aux nitrates des eaux de surfaces et des nappes phréatiques françaises. Le plan censé lutter contre les marées vertes bretonnes est également rejeté par l'Europe.
Le gouvernement français veut-il vraiment lutter contre la pollution des eaux par les nitrates ou protéger à tout prix une agriculture ultra-intensive toxique pour l'homme et l'environnement ? La Commission Européenne va poursuivre la France pour ne pas avoir pris les mesures efficaces de protection des eaux contre les pollutions aux nitrates, en lien avec la directive européenne sur les nitrates qui date de... 1991.
La décision de la Cour de Justice Européenne tombe en plein Salon de l'Agriculture. Les nitrates, issus des déjections des élevages intensifs et des produits phytosanitaires utilisés dans l'agriculture, polluent durablement les eaux françaises et sont à l'origine des algues vertes qui envahissent les plages de Bretagne.
La France fait preuve de laxisme dans la gestion de la pollution de ses eaux et des mesures qui doivent être prises vis-à-vis du secteur agricole. "Les données relatives à la qualité de l’eau montrent que certaines zones de France sont, dans les faits, vulnérables à la pollution par les nitrates, mais ne sont pas, à l’heure actuelle, désignées comme telles" souligne la Commission Européenne. "La législation et les programmes d’action présentent de nombreuses lacunes : les périodes d’interdiction d’épandage sont inappropriées et les restrictions concernant l’épandage des effluents d’élevage et des fertilisants sont insuffisantes" ajoute-t-elle.
La France assouplit les autorisations d'épandage en 2011
Le gouvernement a pourtant eu le temps de préparer son plan de lutte contre les pollutions aux nitrates, dont les marées vertes bretonnes en sont la face la plus visible. Au grand désespoir des associations, des élus locaux et de nombreux citoyens excédés par ces pollutions, les ministères de l'écologie et de l'agriculture ont assoupli la réglementation sur les nitrates. Le décret du 10 octobre 2011 augmente les autorisations d'épandage de lisiers.
Une aberration sanitaire et environnementale qui risque de surcroît de coûter très cher au contribuable français, les amendes européennes pouvant s'élever à des centaines de millions d'euros. La pollution de l'eau par par les nitrates coûte déjà entre 1 et 1,5 milliard d’euros par an en traitements de potabilisation… répercutés sur les factures d’eau des consommateurs, selon le magazine UFC-Que Choisir.