Un mode de vie en adéquation avec la nature. C’est ce à quoi aspirait Brice Canipel, professeur de yoga, lorsqu’il s’est lancé dans la construction d’un écovillage au cœur de l’Andalousie. Retour sur cette expérience.
Annabelle Alix : En quoi la vie au sein d’un écovillage vous a-t-elle attiré ?
Brice Canipel : Je souhaitais adopter un mode de vie plus en phase avec la nature, et fondé sur des principes de non-violence, d’éducation respectueuse, de solidarité et d’entraide. Sans aller jusqu’à rejoindre une communauté où les gens vivent ensemble et partagent tout, car la notion de vie privée reste importante pour moi. Je voulais néanmoins bâtir un projet écologique, et pouvoir le partager avec d’autres personnes.
A.A. : Pourquoi n’avez-vous pas réalisé votre projet en France ?
B. C. : En France, intégrer un écovillage engendre un coût financier important. Le prix du terrain y est élevé, le chauffage nécessaire. Le climat dont nous disposons en Andalousie est unique en Europe. Il nous permet de vivre dehors durant la majorité de l’année, et de se passer du chauffage. Les prix des terrains y sont très abordables. Et la vallée du Minchal, où je vis aujourd’hui avec ma femme et ma fille, est un endroit magnifique.
A.A. : Comment s’est construit votre projet de fonder un écovillage dans la vallée du Minchal ?
B.C. : Ce projet préexistait à notre arrivée, mais n’était pas concrétisé. Une fois installés, les personnes qui en étaient à l’initiative ont voulu nous imposer leurs convictions, poussées à l’extrême (végétalisme, naturalisme,...), ce qui nous a valu quelques altercations. Elles sont finalement parties. J’ai souhaité reprendre le projet en main, à ma manière. Pour faire connaître le Minchal, j’ai monté un site internet, qui a très bien marché. Mon objectif était de créer un lieu où les habitants vivraient selon leurs propres valeurs, tout en étant reliés par des idées directrices et maîtresses : développer une écologie holistique, vivre en harmonie avec soi-même, avec les autres et avec l’environnement.
A.A. : Comment s’est déroulée votre installation ?
B.C. : Nous avons acheté notre terrain, qu’il fallait aménager. En attendant, nous logions dans la yourte de nos amis, sur la parcelle voisine. Nous avons déblayé notre terrain, planté un potager, construit un zome (habitation autonome à base de bois, d’argile et de bottes de paille), une salle de bains à ciel ouvert et des toilettes sèches. Professionnellement, j’ai commencé à dispenser des cours de yoga dans le village voisin. Ma femme, Delphine, a suivi des formations pour développer un projet d’école Montessori (école ancrée dans la nature et particulièrement respectueuse du développement personnel de l’enfant).
A.A. : Où en est votre projet aujourd’hui ?
B.C. : Aujourd’hui, la vallée compte 9 familles, dont 5 qui y vivent à l’année. Nous organisons des commandes groupées de matériaux nécessaires à nos constructions (sable, ciment, chaux, bois, outils...) Depuis la création du site internet, le projet d’écovillage explose. Lorsque quelqu’un souhaite nous rejoindre et s’installer au Minchal, nous en discutons en assemblée. Il nous est déjà arrivé de refuser l’emménagement de certaines personnes dont les objectifs allaient trop à l’encontre de nos valeurs, comme une famille de Belges qui souhaitait installer un abattoir au Minchal. Actuellement, nous développons un projet d’écotourisme (tentes, caravanes, bâtiment multi-activités, ...), car les demandes de location et de vacances pédagogiques affluent (apprendre à cultiver, à cuisiner, ...). Nous sommes par ailleurs très investis dans diverses manifestations (les indignés, ...) et avons pris part à certaines associations, comme celle qui consiste à recevoir des enfants habituellement privés de vacances pour leur faire découvrir la vie au Minchal. Nous recevons également des wwofer (voyageurs hébergés gratuitement en échange d’une participation au projet).