Mercredi dernier, la cour d’appel de Paris a prononcé un non-lieu quant à l’impact du nuage radioactif de Tchernobyl sur les cancers de la thyroïde en France. Ce verdict clôture le débat sur les conséquences sanitaires de la catastrophe nucléaire dans notre pays.
Le lien scientifique entre la catastrophe de Tchernobyl et les cancers de la thyroïde développés par la suite en France n’est pas officiellement établi. Lors de l’audience du 7 septembre, la cour d’appel de Paris a prononcé un non-lieu concernant cette affaire. Les accusations portées contre le professeur Pierre Pellerin, ancien patron du service central de protection contre les rayonnements ionisants, deviennent donc sans objet. Celui-ci était soupçonné d’avoir dissimulé les risques des retombées radioactives de l’accident nucléaire sur la santé des Français.
Des retombées difficiles à évaluer
L’Institut de veille sanitaire (InVS) a rendu un rapport en avril dernier sur « l’évolution de l’incidence du cancer de la thyroïde en France métropolitaine ». Alors que le diagnostic d’un tel cancer était « relativement rare » en France il y a 30 ans, le rapport indique qu’il a augmenté de 6% par an entre 1980 et 2005. Il précise que l’origine de ces cancers « peut être liée à des retombées radioactives issues d’un accident nucléaire ».
Les études étiologiques (études des causes des maladies), portant sur les populations vivant en territoire contaminé au moment de l’accident de Tchernobyl, démontrent d’ailleurs « l’existence d’une association significative entre excès de cancer de la thyroïde et exposition pendant l’enfance », indique l’InVS. Seulement voilà : la France n’est pas considérée comme faisant partie des territoires dits « contaminés. » Pourtant, si le rapport de l’InVS déclare que l’exposition des Français aux rayonnements ionisants de Tchernobyl était 100 fois inférieure à celle des populations vivant sur ces territoires, il précise que « l’hypothèse d’un seuil (valeur en-dessous de laquelle aucun n’effet n’existe) n’est pas réaliste. » Sans conclure pour autant à un lien de causalité certain entre l’accident nucléaire et les cancers de la thyroïde en France, dont les origines peuvent être diverses.
Une augmentation de cancers pourtant suspecte
D’après le rapport de l’InVS, « la Corse figure parmi les endroits en France où les retombées de l’accident de Tchernobyl ont été les plus importantes. » Il indique que le nombre de cancers de la thyroïde opérés chez l’homme y a augmenté progressivement de 1998 à 2004, pour revenir au niveau de 1998 en 2006. Chez la femme, une forte augmentation de la même pathologie a été observée en 2003 et en 2004, pour diminuer ensuite. Ce nombre accru de cancers de la thyroïde développés en Corse n’a pas dépassé celui des départements habituellement les plus touchés (Vendée, Tarn et Isère). Un tel pic d’augmentation de la maladie dans cette région, une quinzaine d’années après l’accident nucléaire de Tchernobyl, reste néanmoins inexpliqué.