Le 4 juillet dernier, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a rendu un avis autorisant le réacteur numéro un de la centrale de Fessenheim à poursuivre son activité pour 10 ans. Néanmoins, quelques réserves s’imposent. La plus importante concerne le renforcement de la dalle de béton sur laquelle est bâti le réacteur du réacteur. Un chantier jugé réalisable par le directeur de la centrale.
Elle date de 1977, et se situe à proximité d’une zone sismique. Pour ces deux raisons, la centrale nucléaire de Fessenheim fait l’objet de polémiques, renforcées suite à la catastrophe de Fukushima. Mais le contrôle décennal impactant la poursuite ou non de l’activité de son réacteur numéro un a abouti à un avis favorable… assorti de 40 prescriptions. Preuve d’une vigilance pointilleuse, ou d’une dégradation marquée de la centrale ? Pros et antinucléaires y vont chacun de leur interprétation.
Les prescriptions de l’ASN sont à prendre au sérieux. La plus importante vise le renforcement du radier (dalle de béton sur laquelle est construit le réacteur), afin d’augmenter sa résistance en cas de fuite de la cuve. Le radier ne mesure actuellement qu’1,5 mètre d’épaisseur. « A Fukushima, ils font 6 mètres », a fait remarquer Marie-Christine Blandin, sénatrice Europe Ecologie du Nord, interviewée par LCP lors de la visite décennale de Fessenheim. A cette même occasion, l’un des ingénieurs de la centrale a affirmé qu’un renforcement du radier par l’intérieur de l’enceinte était déjà prévu.
Des travaux importants, mais tout de même envisagés et donc réalisables ? D’après le site actu-environnement, Thierry Rosso, directeur général de la centrale nucléaire de Fessenheim, a annoncé le 24 août dernier que ces travaux étaient techniquement faisables, « à un coût largement absorbable. » Ils doivent être effectués avant le 30 juin 2013.
La centrale de Fessenheim est-elle sûre ?
Conformément à la loi n°2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, chaque centrale fait l’objet d’une visite décennale, de laquelle dépend son avenir. Depuis Fukushima, les réacteurs sont également soumis à des tests de résistance. Doit-on se satisfaire de ces réglementations ? Suffisent-elles à protéger la population contre un risque d’accident nucléaire semblable à celui de Fukushima ? Sont-elles de nature à pallier à la vieillesse de nos installations, notamment celle de Fessenheim, doyenne des centrales nucléaires françaises ?
« Mis à part l’enveloppe de sécurité et la cuve, il n’y a rien d’origine dans cette centrale », a assuré Bruno Sido, sénateur de la Haute-Marne, lors de la visite décennale de Fessenheim filmée par LCP. Les centrales sont en effet rénovées régulièrement. Lorsque l’une de leurs pièces devient obsolète, elle est remplacée. « On peut même dire que suite à la 3e visite décennale, Fessenheim sera la centrale la plus sûre de France, » a insisté le sénateur.
C’est également l’avis d’Eric Besson, interviewé le 18 juillet dernier sur LCP. « Toutes les centrales bénéficient avec le temps des retours d’expérience de toutes les centrales françaises et étrangères », a-t-il assuré. « Quand on dit qu’une centrale qui a 20, 25 ou 30 ans est plus sûre qu’au départ, c’est la réalité. » Un avis bien tranché, en contradiction avec celui exprimé cet hiver par Xavier Rabilloud (de l’association Sortir du nucléaire), sur le plateau de On refait l’enquête. A la suite d’entretien rapporté avec un physicien nucléaire, il déclarait que le taux d’incident à Fessenheim était quatre fois supérieur à la normale et ne pouvait que croître dans le futur.
Mais c’est a priori reparti pour 10 ans d’activité nucléaire à Fessenheim A moins que l’avis favorable délivré par l’ASN ne soit « remis en cause par les résultats des tests de résistance demandés après la catastrophe de Fukushima », rappelle sur son blog Guillaume Garot, député de la Mayenne et maire de Laval.