Les résultats des analyses des eaux brutes réalisés par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) démontrent que 75 % des eaux traitées ne contiennent aucune trace de médicaments. Pour les 25 % restant, 1 à 4 molécules peuvent être présentes simultanément.
Il n'existe actuellement pas de seuil limite ni de réglementation concernant la présence de résidus de médicaments dans l'eau potable. Aucune étude n'a formellement démontré de risque sanitaire lié à ces substances, mais le cocktail de molécules présent dans l'eau inquiète les scientifiques et les autorités.
L'ANSES a réalisé des analyses sur la présence de 45 molécules, pour l'équivalent des ressources en eau d'un quart de la population française, en France métropolitaine et dans les DOM. Les prélèvements ont été effectués sur des ressources utilisées pour la production d'eau destinée à la consommation humaine (eau de surface et eau souterraine) et sur des eaux traitées, en sortie de station de potabilisation.
"Pour environ 75% des échantillons d'eau traitée qu'elles soient d'origine souterraine ou superficielle, aucune de ces 45 molécules n'a été quantifiée (hors caféine qui est par ailleurs un marqueur de l'activité humaine). Pour les 25% d'échantillons positifs, les analyses révèlent généralement la présence simultanée d'une à quatre molécules" explique l'ANSES.
Une évaluation des risques sanitaires complexe
Parmi les 45 molécules recherchées, 26 n'ont jamais été retrouvées. 19 ont été détectées au moins 1 fois, parmi lesquelles 5 étaient présentes à des concentrations trop faibles pour pouvoir être quantifiées.
"Hormis la caféine, les molécules les plus fréquemment retrouvées sont la carbamazépine (anti-épileptique) et son principal métabolite ainsi que l'oxazépam (anxiolytique) qui est à la fois une molécule mère et un métabolite de benzodiazépines" explique l'ANSES, précisant que ces molécules "principales" se retrouvent dans les eaux brutes, à des concentrations parfois plus fortes.
L'ANSES et l'Afssaps vont entamer une évaluation des risques sanitaires liés à la présence de ces médicaments dans l'eau, qui s'avère "particulièrement complexe, notamment en raison des faibles concentrations rencontrées et des effets biologiques variables qu'il faudrait investiguer. Les concentrations trouvées dans les eaux traitées sont 1 000 à 1 million de fois inférieures aux doses utilisées dans le cadre des doses thérapeutiques". Un plan d'actions visant à améliorer les rejets dans l'environnement est prévu pour le premier trimestre 2011.