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Santé des sans-papiers : les fausses économies sur l'Aide Médicale d'Etat

Publiée le 05 janvier 2011 à 12:09 dans Actualité de la santé

Le gouvernement a décidé d'instaurer un droit d'entrée de 30 euros par an pour les sans-papiers à très faibles ressources qui veulent accéder à l'Aide Médicale d'Etat (AME). Un rapport de l'Inspection des finances et des affaires sociales pointe pourtant les effets pervers de cette taxe, sur la santé des plus pauvres et les finances de l'Etat.

Sans papier, sans domicile fixe

Les sans-papiers percevant moins de 634 euros par mois pouvaient se faire soigner gratuitement par l'Aide Médicale d'Etat (AME), qui couvrait leurs frais de santé. A l'avenir, ils devront payer une contribution forfaitaire de 30 euros par an pour avoir accès à l'AME.

Une décision prise par le gouvernement pour réduire le déficit de l'Etat. "Pas question d'alourdir d'un euro de plus le déficit budgétaire" déclarait le premier ministre François Fillon. Cette taxe de 30 euros prélevée sur les familles les plus pauvres et les plus précaires devrait permettre une économie de 6 millions d'euros selon la majorité.

Risque sanitaire sans bénéfice financier

Un rapport de l'Inspection des Finances (IGF) et des affaires sociales (IGAS) commandé par le gouvernement soulève pourtant l’inefficacité et l'incongruité de cette mesure. Le rapport "ne recommande pas la mise en oeuvre d'un droit d'entrée pour l'AME, qui lui paraît financièrement inadapté, administrativement complexe et porteur de risques sanitaires".

Les malades renonceront à l'accès aux soins, repoussant au maximum la consultation d'un médecin et une prise en charge médicale tardive à l'hôpital. "Il en découlera mécaniquement une majoration nette des dépenses totales de l'AME" explique le rapport. La propagation de certaines maladies telles que la tuberculose ou l'hépatite B serait également encouragée par ce renoncement aux soins.

Le rapport souligne que les bénéficiaires de l'AME sont majoritairement des "hommes seuls dans un état de santé dégradé ne recourant aux soins et à une couverture maladie qu'en cas de besoin". Et coupe court à l'argument de la fraude soulevé par les partisans d'une réduction de l'AME : les inspections estiment "peu probable" l'activité de "tourisme médical" et excluent l’existence de filières.

Selon Christian Saout, président du Collectif Inter associatif Sur la Santé (CISS), le rapport n'a pas été pris en compte par les députés et sénateurs car publié volontairement trop tard. "Ce n'est pas glorieux", a-t-il déclaré à l'AFP. "Ce qu'il faut maintenant, c'est en finir avec cet abcès de fixation à caractère xénophobe, en l'incluant dans l'assurance maladie globale" affirme-t-il.

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