Un sondage IFOP sur les Français et le Grenelle de l'environnement a été commandé par le ministère de l'écologie. Le bilan du Grenelle, trois ans après son lancement, est très controversé. Si la méthode est reconnue, les résultats des actions déçoivent.
La consultation des acteurs de la société, la participation des associations, des élus, des entreprises aux groupes de travail mis en place par le Grenelle de l'environnement sont appréciés par les Français. Cette forme de démocratie participative devrait s'appliquer pour mener à bien d'autres réformes, selon 88 % des personnes interrogées par le sondage.
Les mesures prises par le Grenelle de l'environnement ne sont en revanche pas toutes connues par le grand public. Le développement du solaire et de l'éolien sont identifiées comme des mesures du Grenelle par 93 % des personnes interrogées, L'incitation à la réduction de tri des déchets ménagers par 89 %, le bonus-malus automobile par 87 %. Les mesures comme la mise aux normes de 146 stations d'épuration des eaux usées ou la mise en place des aires marines protégées sont connues par moins de 40 % des personnes interrogées.
Les résultats de ce sondage ne répondent pas à la question cruciale : le Grenelle va-t-il permettre d'atteindre ses objectifs en termes de climat, de réduction des déchets, d'économie d'énergie, de qualité des eaux, de protection de la biodiversité...? Le président de Greenpeace France, Pascal Husting, déplore la logique comptable et pas qualitative à propos de ce sondage.
Des actions contradictoires
Le bilan du Grenelle est très mitigé. Si des actions ont été effectivement mises en place, elles se sont parfois confrontées à un manque d'ambition, de moyens ou à des incohérences flagrantes.
Selon le Réseau Action Climat, alors que des objectifs satisfaisants ont été fixés sur l’énergie (23 % d’énergies renouvelables en 2020, - 38% de consommation d’énergie pour le bâtiment existant...), les outils mis en place ne sont pas du tout à niveau. Pour Raphaël Claustre, directeur du comité de liaison pour les énergies renouvelables (CLER), "le Grenelle a pourtant suscité des envies, les acteurs des territoires se mobilisent, les collectivités, les entreprises et les associations agissent maintenant ensemble. Mais l’Etat semble reculer de plus en plus face à ce mouvement".
D'autres actions emblématiques, comme la mise en place la taxe carbone, ont été abandonnées. Plusieurs décisions prises par le gouvernement depuis 3 ans vont clairement à l'encontre de la révolution verte promise par le Grenelle : durcissement des conditions d'implantation des éoliennes, relâchement dans le plan écophyto 2018 censé réduire l'utilisation de pesticides par les agriculteurs, feu vert donné à plusieurs constructions autoroutières, report de la taxe poids-lourds, construction de nouveaux réacteurs nucléaires, homologation d'insecticides tueurs d'abeilles...
Selon un récent sondage Opinion Way - Terra Eco, 74 % des Français considèrent que le Grenelle est un échec. Une question qui n'a pas été posée par le sondage commandé par le ministère de l'écologie.