Le ministre du budget François Baroin a confirmé ce matin la hausse de 3 % des tarifs de l'électricité à partir du 1er janvier 2011. Il a affirmé que l'augmentation de tarif était destiné à compenser l'achat par EDF de l'énergie produite par les panneaux solaires photovoltaïques. Un argument qui ne convainc pas.
Un amendement voté par l'assemblée nationale la semaine dernière prévoit que la contribution au service public de l'électricité (CSPE), actuellement fixée à 4,50 euros par mégawatt-heure, puisse être augmentée de 3 euros maximum en janvier prochain.
Cette prochaine augmentation des tarifs de l'électricité de 3 % vient s'ajouter à celle déjà fixée en août dernier, de 3 % pour les particuliers et de 4 à 5,5 % pour les entreprises.
"C'est une déclinaison du Grenelle de l'environnement, qui lui-même est une déclinaison de la plate-forme de Nicolas Hulot que Ségolène Royal, qui a été battue, et Nicolas Sarkozy, qui a été élu, avaient pris" a déclaré le ministre du budget. "EDF ne peut pas porter des centaines et des centaines de millions d'euros" a-t-il estimé.
Une analyse titre qui est loin d'être partagée par les défenseurs des énergies renouvelables.
Des investissements trop faibles dans les énergies renouvelables
Selon le sénateur Jean Dessessard, l'énergie solaire, abondante et propre, est l'énergie de l'avenir. "Si elle a aujourd'hui un coût supérieur à l'électricité nucléaire, c'est simplement parce qu'elle n'a pas encore bénéficié d'investissements suffisants" rappelle-t-il.
"Il revient donc à l'État d'étaler ces investissements sur 10 ou 20 ans, en attendant que l'énergie photovoltaïque devienne rentable. Or, "plutôt que d'honorer ses engagements environnementaux pour l'avenir, le Gouvernement préfère se défausser aujourd'hui sur les consommateurs français, qui comptent 6 millions de précaires énergétiques" déplore-t-il.
Selon Europe Ecologie et les Verts, Il serait "malhonnête d'imputer cette nouvelle hausse au soutien aux énergies renouvelables. Ce sont les choix stratégiques d'EDF que vont supporter les ménages : l'entêtement dans le nucléaire, les surcoûts du chantier de l'EPR, à Flamanville, et le prolongement de centrales vétustes mais aussi les investissements hasardeux dans le nucléaire à l'étranger".
La CSPE ne finance pas que les énergies propres
Le Syndicat des énergies renouvelables rappelle que la CSPE est une taxe forfaitaire permettant de payer un certain nombre de surcoûts parmi lesquels le financement de la production d'électricité à partir de la cogénération gaz, la péréquation tarifaire (le fait que les consommateurs des DOM COM paient un tarif identique aux consommateurs métropolitains malgré un coût de production de l’électricité plus important) et le financement des énergies renouvelables électriques.
"Le déficit de recouvrement a été creusé ces dernières années par les charges les plus lourdes, à savoir la péréquation tarifaire et les contrats d’achat, concernant l’électricité produite à partir de centrales de cogénération gaz" explique le syndicat.
"Les énergies renouvelables, si elles bénéficient d’un soutien financier à travers la CSPE, ne représentent pas aujourd’hui, à elles seules, une charge qui justifie l’augmentation de 3,2% de la facture électrique dont les médias se sont faits l’écho. En 2010, les énergies renouvelables électriques auront coûté 6,3 euros par ménage" précise-t-il.
Un tarif de rachat trop élevé ?
Selon l'association force ouvrière consommateurs (AFOC), "le prix d'achat (de l'électricité produite par les panneaux solaires photovoltaïques par EDF, NDLR) a été fixé par les pouvoirs publics à un niveau beaucoup trop élevé, ce qui a provoqué une bulle spéculative". L'association demande une "révision à la baisse du prix de rachat par EDF de la production d'électricité d'origine photovoltaïque et une limitation en volume de la production concernée par ce rachat".
"En n'assumant pas ses responsabilités, le Gouvernement laisse croire à dessein que l'écologie est nécessairement punitive" déplore Jean Dessessard.
Cette augmentation des tarifs de l'électricité imputée à l'énergie solaire donne à cette dernière une très mauvaise image aux yeux du grand public, antinomique avec les principes du Grenelle de l'environnement et des objectifs de développement des énergies renouvelables fixés à l'horizon 2020 par le plan climat-énergie.