Le virus A/H1N1 a pratiquement cessé de sévir dans le monde. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient d'annoncer l'entrée dans la période postpandémique pour la Grippe A. Retour sur une gestion de crise très hasardeuse.
La phase 6 d'alerte à la pandémie de grippe A est terminée. L'OMS a annoncé l'approbation des membres du comité d'urgence sur la décision de mettre fin à l'alerte de pandémie mondiale relative au virus A/H1N1.
"Les pandémies sont de nature imprévisible et peuvent nous surprendre. Il n’y a pas deux pandémies semblables. Celle-ci s’est avérée beaucoup moins grave que nous avions pu le craindre il y a un peu plus d’un an" a déclaré la directrice générale de l'OMS, le Dr Margareth Chan.
L'OMS est sous le feu des critiques pour sa gestion de la pandémie, accusée de conflit d'intérêts avec les grands laboratoires pharmaceutiques. "Des failles" dans la gestion de la crise ont été reconnues par l'organisation, qui a cependant toujours nié les liens avec les intérêts commerciaux des laboratoires, dont elle est soupçonnée.
"Un compte rendu complet ainsi que la chronologie des événements ayant conduit à la publication du plan 2009 (de gestion de la pandémie, ndlr) ont été mis à la disposition du Comité d’examen. Au cas où ce Comité déciderait que la définition actuelle d’une pandémie et des phases conduisant à sa déclaration doit être revue dans un sens plus étroit ou d’une autre façon, nous nous féliciterons de cette recommandation et prendrons les mesures qui s’imposent" à déclaré Margareth Chan.
94 millions de vaccins achetés par la France
En France, le ministère de la santé avec à sa tête la ministre Roselyne Bachelot, ont suivi les recommandations de l'OMS, avec pour résultat un gaspillage incroyable de vaccins et d'argent public.
94 millions de doses de vaccin ont été commandées par le gouvernement français aux laboratoires pharmaceutiques, pour un montant de plus de 700 millions d'euros. Au final, seuls 5,6 millions de français ont été vaccinés. La facture des vaccins s'élèverait à environ 48 millions d'euros, le ministère de la santé ayant renégocié son accord avec les groupes pharmaceutiques.
Les contrats établis avec les laboratoires rendaient impossible une réduction des commandes. Seule une résiliation, entraînant d'importants dédommagements, fut possible. "Des considérations excessivement commerciales" selon le rapport parlementaire, ajoutant qu'il est "anormal que l'Etat ait été contraint de s'engager à acheter deux fois plus de vaccins que nécessaire".
Une commission d'enquête parlementaire a été chargée d'étudier la gestion globale de l'épidémie de grippe A : ses conclusions sont très critiques.
Rigidité des pouvoirs publics, retard dans l'envoi de bon de vaccination, refus aux médecins généralistes de vacciner leurs patients, non-consultation de l'expertise des médecins traitants, éloignement de la réalité du terrain, forte surestimation du risque pandémique à l'avantage des lobbys pharmaceutiques... Les défaillances sont particulièrement nombreuses.
La gestion de la grippe A aura coûté au total 993 millions d'euros, incluant les vaccins, les antiviraux, les masques, les campagnes de communication : ce montant avait initialement été estimé à 1,5 milliards d'euros et demeure "incertain" selon la commission parlementaire.
