Les algues vertes sont toujours omniprésentes sur les plages bretonnes. Depuis le plan anti-algues du gouvernement, elles sont ramassées et des usines de traitement ont vu le jour, mais les mesures de prévention restent quasiment inexistantes.
La secrétaire de l'État à l'écologie Chantal Jouanno et le ministre de l'agriculture Bruno Le Maire se sont déplacés dans les côtes d'Armor, un an après la visite du premier ministre François Fillon qui avait décrété un plan de lutte contre la prolifération des algues vertes sur les plages et les grèves bretonnes.
Ils ont pu admirer la plage de Binic soigneusement ratissée, sans une algue. Un nettoyage extrêmement coûteux, financé en partie par le plan du gouvernement : 400 000 € ont été nécessaires pour collecter 26 000 m³ d'algues vertes l'an dernier selon le président de l'agglomération Lannion-Trégor.
Une usine de traitement des algues a également été inaugurée par les deux ministres à Lantic. Une vingtaine d'usines de méthanisation pourraient être subventionnées par l'État dans les prochaines années.
Mais quelles sont les mesures mises en place pour limiter la prolifération de ces marées vertes ? Les associations de défense de l'environnement, qui ont boycotté la visite des ministres, s'insurgent.
"Depuis 40 ans, chaque été, les plages bretonnes sont envahies par les algues vertes, au point d'obliger les élus locaux à fermer les plages, comme à Douarnenez, la semaine dernière. Les collectivités se voient contraintes par l’Etat, aujourd'hui et plus qu'hier, non seulement de les ramasser (1,5 M €/an) mais de les éliminer (2,7 M €)" explique l'association Eaux et Rivières de Bretagne.
"Les ministres ne devraient pas inaugurer en grande pompe un équipement dont les pouvoirs publics devraient au contraire avoir honte" déclare le porte-parole de l'association. L'usine de Lantic, financé par le contribuable, est révélatrice de l'échec de la politique de l'eau selon lui.
Pas de réduction des rejets de nitrates
Pour Thierry Dereux, président de la fédération Côtes d’Armor Nature Environnement, "Tant que la pollution par les nitrates ne sera pas abaissée à moins de 10 mg/l, ce gaspillage d’argent public ne pourra que continuer".
La politique vis-à-vis des les éleveurs bretons n'est pas contraignante pour le moment. Un amendement demandait même récemment l'assouplissement des procédures d'autorisation d'implantation de nouveaux élevages : il a provoqué un tollé et a finalement été retiré.
Bruno Le Maire va devoir clarifier sa politique vis-à-vis des agriculteurs bretons et ce qu'il appelle "l'agriculture durable", qui semble être bien loin des mesures réclamées par les associations de protection de l'environnement pour véritablement diminuer la production des algues vertes à la source.
"Une fois de plus, les activités agro-industrielles à l’origine de la pollution par les nitrates et des marées vertes, sont exonérées de l’application du principe pollueur-payeur. Pourquoi nos impôts devraient-ils servir à nettoyer les plages victimes des pollutions agricoles ?" s'interroge Michel Guillemot, président de Halte aux marées vertes.