Un amendement déposé par le député des Côtes d'Armor Marc Le Fur demande l'assouplissement des normes en matière d'élevage, alors que ces derniers sont pointés du doigt pour leur responsabilité dans la prolifération des algues vertes sur les plages bretonnes.
Harmoniser les seuils nationaux en matière d'élevage avec les seuils européens, qui sont cinq fois moins contraignants en matière de rejets dans l'environnement : tel est l'objectif de l'amendement déposé par le député breton Marc Le Fur dans le cadre du projet de loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche, afin de diminuer les distorsions de concurrence entre les éleveurs français et européens.
Les autorisations pour l'installation d'un élevage de porcs sont nécessaires à partir de 450 places d'engraissement en France : elles sont demandées pour 2 000 places en droit européen. "Pour les poulaillers, l'autorisation est nécessaire à partir de 30 000 volailles en droit français contre 40 000 en droit européen" rappelle France Nature Environnement.
Eau polluée et algues vertes dangereuses
Cet amendement fait grand bruit en pleine période de marées vertes en Bretagne et de crise de l'eau en France. Les 8 000 élevages porcins bretons produisent une grande quantité de nitrates, à l'origine de la pollution des eaux et de la prolifération des algues vertes chargées en hydrogène sulfuré, très nocives pour l'homme et pour l'environnement.
Les associations bretonnes de défense de l'environnement et de nombreux élus de la région sont en colère. Assouplir les autorisations pour les installations d'élevage, c'est encourager la prolifération des algues vertes et augmenter les taux de nitrates dans l'eau potable.
"Ces amendements court-circuitent tout le travail de dialogue et le relatif équilibre obtenu sur le terrain. Ils ruinent la politique environnementale d’une région pour simplement satisfaire des intérêts catégoriels" déplore Gilles Huet, délégué général de l'association Eaux et Rivières de Bretagne.
Le président de la région Bretagne Jean-Yves Le Drian a demandé le retrait de cet amendement, qu'il juge " démagogique et dangereux". Il doit passer devant les députés à l'assemblée nationale le 30 juin prochain pour être voté en séance publique.