Des chercheurs français auraient mis au point un traitement pour soigner l’hépatite E. Ils rapportent les résultats encourageants de deux cas souffrant d'une infection et soignés grâce à leur découverte. C’est une réelle avancée contre ce virus qui ne touche pas que les pays les plus pauvres.
Le moyen de soigner l'hépatite E, une inflammation du foie qui n’avait jusqu’à maintenant aucun traitement connu, a peut-être été découvert.
Une équipe médicale de l’institut Cochin et du Groupe Hospitalier Cochin Saint-Vincent de Paul à Paris, a proposé à deux patients immunodéprimés souffrant d'une infection chronique par le virus de l'hépatite E de suivre un traitement à base de Ribavirine.
C’est un médicament actuellement prescrit pour certaines infections virales respiratoires chez l'enfant et certaines fièvres hémorragiques. Il est également utilisé dans le traitement de l'hépatite C.
Après deux semaines de traitement, le fonctionnement leur foie est redevenu normal. Au bout de quatre semaines, le virus est devenu indétectable dans l'organisme. Enfin, suite à l'arrêt du traitement (respectivement 6 et 3 mois à ce jour), le fonctionnement hépatique reste normal et le virus de l'hépatite E demeure indécelable.
Ce rétablissement spectaculaire des deux patients montre le potentiel de la ribavirine comme traitement des formes graves d'infection par le virus de l'hépatite E.
Les chercheurs restent cependant prudents. "En raison du manque de recul, on ne peut encore affirmer la guérison totale des patients, mais notre travail est une véritable avancée. Des tests cliniques doivent maintenant être menés pour trouver la dose, la formulation et la durée adéquates pour traiter les formes graves d'infection par le virus de l'hépatite E" ont-ils déclaré. Des essais cliniques devraient être réalisés rapidement afin de valider et d'étendre ce traitement.
Du tiers-monde aux pays industrialisés
Dans sa forme aiguë, l'infection peut être mortelle chez les personnes âgées, les femmes enceintes et chez les personnes malades du foie. Chez les personnes immunodéprimées (patients greffés, patients sous chimiothérapie ou personnes vivant avec le VIH), l'infection par le virus de l'hépatite E peut évoluer vers une hépatite chronique et entraîner une cirrhose.
Le virus de l'hépatite E est la première cause d'hépatite virale dans le monde et on estime que le tiers de la population mondiale a été infectée par ce virus. Les facteurs de risque de l'infection à HEV sont liés à des conditions d'assainissement médiocres dans une grande partie du monde. L'eau ou les produits alimentaires contaminés transmettent la maladie. Il est possible que le virus se transmette par la consommation de viande d'animaux sensibles à l'infection, comme le porc, le gibier.
Bien que les cas surviennent en majorité dans les pays en voie de développement, une émergence de cas d'infection dans les pays industrialisés est constatée. En France, le Centre National de Référence (CNR) des hépatites à transmission entérique (A et E) a diagnostiqué 107 cas en 2007 et 148 cas en 2008. L’année dernière, l’Institut de Veille Sanitaire et le CNR ont mis en place une surveillance renforcée des cas humains d’hépatite E.