Les plans anti-marée noire de BP, compagnie pétrolière à l'origine de l’actuelle marée noire dans le golfe du Mexique, minimisent fortement les dangers d'une fuite incontrôlée d’hydrocarbures. La capacité de la compagnie pétrolière britannique à gérer une telle situation a été surévaluée. Le gouvernement américain la presse de trouver une solution pour stopper définitivement la fuite.
BP dont l’explosion d’une plate-forme pétrolière en avril dernier a provoqué une marée noire dans le Golfe du Mexique, est critiquée pour sa prise en charge de la catastrophe.
Ses plans anti-marée noire pour cette zone, pourtant validés par les autorités américaines l'an dernier, seraient truffés d'erreurs flagrantes qui montrent la sous-estimation des risques, selon l'agence de presse américaine, Associated Press.
Le plan régional avait estimé sur la base de modèles informatiques à 21% le risque que du pétrole atteigne les côtes de Louisiane moins d'un mois après une marée noire. L'éloignement de la plate-forme, située à 80 km des côtes de Louisiane, devait éviter les problèmes de pollution du littoral. Dans les faits, une traînée de pétrole a rejoint le delta du Mississippi seulement neuf jours après l'explosion.
D'autres zones souillées par le pétrole étaient présentées comme "ne courant aucun risque". Concernant la faune, BP s'était montré très optimiste, affirmant qu'il n'y aurait "aucun impact négatif" en cas de fuite de Deepwater Horizon. Pourtant, plus de 400 oiseaux mazoutés ont été traités et des dizaines d'autres retrouvés morts. Plus de 200 tortues, des dauphins et des poissons, victimes de la pollution, se sont échoués sur le rivage.
Les moyens ne sont pas à la hauteur
Face à un risque de marée noire, les plans de BP prévoyaient de réunir assez de bateaux pour ramasser le pétrole avant qu'il n'atteigne les côtes. Le groupe avait affirmé que les moyens mobilisés permettrait de récupérer 75 millions de litres de pétrole par jour dans l'eau, soit en gros la quantité qui s'est déversée dans le golfe depuis sept semaines. Pourtant, la nappe s'étend aujourd'hui sur quelque 8 500 km carrés et les solutions improvisées pour empêcher sa propagation se sont avérées infructueuses. Une quantité inconnue de pétrole reste sous la surface de l’eau.
Une des erreurs les plus frappantes de BP est d'avoir cité le professeur Peter Lutz dans le plan régional comme étant l'un des experts à contacter en cas de marée noire. Problème : il est décédé quatre ans avant la publication du plan. Dans la même veine, les noms et numéros de téléphone de plusieurs experts à contacter sont erronés.
Le gouvernement met la pression
Les autorités américaines ont donné trois jours à BP pour faire toute la lumière sur ses projets de colmatage de la fuite de pétrole qui souille depuis sept semaines le golfe du Mexique et lui ont demandé, en attendant, de récupérer plus de pétrole. L'entonnoir mis en place à la fin de la semaine dernière est relié à un pétrolier qui mouille en surface et récupère le brut. Mais faute d'étanchéité de l'entonnoir, une quantité indéterminée de pétrole continue de s'échapper dans la mer.
Le président Barack Obama a prévu une quatrième visite, les 14 et 15 juin prochains, sur les côtes touchées par la nappe de pétrole. Il a expliqué avoir besoin de rencontrer les experts pour ensuite identifier les responsables. Barack Obama a aussi laissé entendre qu'il était favorable à une démission de Tony Hayward, patron du groupe pétrolier, qui a multiplié les déclarations maladroites. Ce dernier témoignera le 17 juin pour la première fois devant le Congrès dans le cadre d'une audition sur la marée noire.