L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a largement surestimé les risques de pandémie de la grippe A. Elle est vivement critiquée par un rapport de la Commission de la santé de l'Assemblée parlementaire du conseil de l'Europe (APCE), qui soupçonne des conflits d'intérêts dans la gestion de la grippe A/H1N1.
18 000 morts dans 214 pays : c'est le bilan officiel dressé par l'OMS de la pandémie grippale du virus A/H1N1, bien loin des scénarios catastrophistes prédits au mois d'avril 2009, qui prévoyaient des millions de victimes.
La surestimation de la gravité de la grippe A a engendré "des peurs injustifiées" et un "gaspillage de fonds publics" selon l'APCE. En France, 94 millions de doses de vaccins ont été commandées par le gouvernement, accompagnés de millions de masques de protection, pour une facture s'établissant à près de 1,5 milliards d'euros.
Au-delà du gaspillage, ce sont l'intégrité et la transparence de l'OMS qui sont remises en cause. L'APCE se demande "quelle influence l'industrie pharmaceutique a pu exercer sur les décision prises" par l'OMS concernant les vaccins du virus H1/N1. L'Organisation ne rend pas public les déclarations des experts qui participent à ces comités, ni le CV complet de ces derniers, rendant ainsi impossible de connaître leur appartenance ou non à un laboratoire.
Cette opacité est vivement dénoncée par l'APCE, qui demande une véritable transparence des décisions, une indépendance totale vis-à-vis d'intérêts privés, une meilleure gouvernance en matière de santé publique et des avis experts indépendants financés par une contribution de l'industrie pharmaceutique.
Sans ces mesures, l'Organisation Mondiale de la Santé risquerait fort de perdre une grande part de sa crédibilité, qu'elle avait acquis jusqu'à présent face aux grands enjeux de santé publique.