La famille d'un ouvrier du bitume, décédé en 2008 d'un cancer de la peau, a porté plainte contre son employeur Eurovia. Le cancer développé par José Francisco Serrano Andrade serait lié à l'exposition prolongée aux émanations du bitume.
Le scandale du "cancer du bitume" éclatera-t-il un jour au même titre que le scandale de l'amiante ? C'est ce que laisse entendre Maître Jean-Jacques Rinck, l'avocat de la famille Serrano Andrade qui a porté plainte contre l'entreprise Eurovia, filiale du groupe Vinci.
José Francisco Serrano Andrade, employé chez Eurovia, épandait du bitume, puis a travaillé comme conducteur d'engins derrière un camion de bitume.
Il a été exposé pendant des années aux émanations toxiques des substances contenues dans le revêtement, provenant des résidus de raffinage du pétrole : les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont certaines sont cancérogènes, sont notamment pointés du doigt par les études toxicologiques.
Un cancer de la peau gravissime
L'homme a contracté un violent cancer de la peau. Après avoir subi une ablation du nez, de sa mâchoire gauche et des douleurs intracrâniennes insupportables, le cancer se transforme en tumeur de la face et s'étend à la base crânienne. Après avoir refusé une énième opération qui devait le trépaner, José Francisco Serrano Andrade est décédé à 56 ans.
"Le cas était gravissime et exceptionnel, suffisamment pour que l’on fasse une enquête et que l’on détermine les causes du décès" a expliqué au JDD le professeur Luc Thomas. Le lien entre l'exposition aux émanations du bitume et le cancer développé par M. Serrano Andrade a été établi.
Pas de chiffres des employés malades
Le procès s'est ouvert contre le géant concessionnaire d'autoroutes. Eurovia affirme que le carcénome développé par son employé était dû à une exposition prolongée au soleil. L'avocat de la multinationale, Maître Dremeaux, a indiqué attendre "sereinement" le jugement.
"Plus de 4.000 salariés sont exposés chaque année aux émanations de bitume" a déclaré à l'AFP Maître Rinck. La décision du Tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) "pourrait obliger les multinationales des travaux publics à dépenser des milliards d'indemnisation" a-t-il ajouté, non sans crainte du combat inégal entre "une modeste famille d'immigrés portugais" et "un géant des autoroutes".
Selon le syndicat CGT Eurovia, une surmortalité des jeunes retraités de ces professions existe. Mais aucun chiffre à ce jour n'est connu ou communiqué par les grands groupes de travaux publics.