L'Agence de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) a publié une expertise sur les risques liés aux nanomatériaux, déjà présents dans des produits de consommation courante. L’Afsset recommande l'application du principe de précaution "sans attendre".
Les nanomatériaux sont d'ores et déjà utilisés par les industriels dans des produits auxquels les hommes, femmes et enfants sont exposés par voie cutanée, par ingestion ou par inhalation : cosmétiques, vêtements, produits d'entretien, compléments alimentaires... Ils présentent des risques potentiels pour l'environnement et la santé humaine, notamment des effets géno-toxiques sur l'ADN humaine ou cancérogène pour d'autres matériaux.
L’Afsset a testé les méthodologies classiques d’évaluation des risques sur 4 produits particuliers : la chaussette antibactérienne (nanoparticules d’argent), le ciment autonettoyant et le lait solaire (nanoparticules de dioxyde de titane) et la silice alimentaire à l’état nanométrique.
"Ces travaux font apparaître une urgence à faire progresser les connaissances sur les expositions et les dangers potentiels des nanomatériaux. Aujourd’hui, seuls 2% des études publiées sur les nanomatériaux concernent leurs risques pour la santé et l’environnement" explique l'Afsset.
Concernant le nano-argent, "Outre le risque lié à l’inhalation, il peut également être relargué dans l’environnement avec l’usure ou même la pluie. Actuellement les risques ne sont pas évalués et ils ne peuvent donc pas être exclus" explique Dominique Gombert de l'Afsset.
Pas de traçabilité des nanomatériaux
Aujourd'hui, le consommateur n'a pas la possibilité de savoir si le produit qu'il consomme contient des nanomatériaux. L'Afsset exige l'application du principe de précaution et demande aux industriels des obligations de déclaration, notamment la mise en place d'un étiquetage clair qui mentionne la présence de nanomatériaux dans les produits et informe sur la possibilité de relargage à l’usage.
L’interdiction de certains usages des nanomatériaux pour lesquels l’utilité est faible par rapport aux dangers potentiels est également préconisée par l'Afsset.
Au niveau européen, une harmonisation des cadres réglementaires afin de généraliser les meilleures pratiques est nécessaire, en particulier, "une révision de REACH s’impose pour prendre en compte les nanomatériaux manufacturés de manière spécifique et quel que soit leur tonnage".