La décision du Conseil d'Etat, à quelques jours du deuxième tour des régionales, a fait un tollé. Le projet autoroutier de Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO), soutenu par la majorité et vivement contesté par les élus, agriculteurs, associations et citoyens locaux, a été approuvé.
Le GCO est un projet autoroutier de 2 x 2 voies sur 24 kilomètres dont l'objectif est de désengorger le trafic routier dans le centre de Strasbourg.
Le projet, déclaré d'utilité publique il y a 2 ans, avait fait scandale en plein coeur du Grenelle de l'environnement, sensé geler les projets autoroutiers pour privilégier le développement des transports en commun et des transports propres.
Un recours avait été déposé auprès du Conseil d'Etat par le collectif "GCO non merci", constitué d'élus locaux, de citoyens, d'associations de protection de l'environnement et d'agriculteurs pour l'annulation du décret d'utilité publique.
Le GCO désavoué par le rapporteur public
Un rapporteur public mandaté pour statuer sur le projet s'était déclaré favorable à son annulation. Il a notamment soulevé des insuffisances sur les retombées socio-économiques du GCO et la rentabilité du projet, de grosses lacunes dans les études d'impact sur la faune et la flore et l'absence de consultation des Allemands.
Le GCO est fortement contesté car il ne semble pas pouvoir atteindre son objectif principal de désengorgement de Strasbourg, selon l'étude d'un organisme indépendant, le TTK. "La difficulté provient principalement du cisaillement des flux de circulations Nord-Sud et Est-ouest, certains véhicules se retrouvent sur le périphérique de Strasbourg pour quelques centaines de mètres seulement" affirme l'étude.
La majorité municipale à Strasbourg avait également déclaré ce projet non pertinent. "On est à l'envers du développement durable. Il n'est pas raisonnable de répondre aux enjeux d'aujourd'hui avec des réponses d'il y a 25 ans. Inventons autre chose, il faut trouver une manière de se déplacer en dehors de la bagnole !" avait déclaré le maire de Strasbourg Roland Ries.
De lourdes conséquences environnementales
L'impact environnemental du projet est particulièrement négatif, à commencer par l'augmentation du trafic routier, par conséquent de la pollution de l'air dans l'agglomération strasbourgeoise et des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique.
Le tracé autoroutier est situé en partie sur la zone d'habitat du Grand Hamster d'Alsace, espèce menacée et protégée par la convention de Berne. Le tracé prélèvera également 350 hectares de terres agricoles, constituées de champs de céréales, de vergers, mais aussi de zones boisées et de prairies, favorables à la biodiversité.
Consternation et colère
La décision du Conseil d'Etat, rejetant les requêtes d'annulation du décret d'utilité publique du projet et s'opposant à l'avis du rapporteur public, a provoqué l'indignation des associations, de l'opposition politique et du collectif GCO non merci.
Les Verts Alsace ont dénoncé un projet "coûteux", "inutile", "néfaste". La députée européenne d'Europe écologie Sandrine Bélier a comparé la décision des Sages à "un déni de démocratie" faisant "fi de la mobilisation populaire rassemblant associations, agriculteurs, élus locaux et citoyens".
Le GCO demeure une "mauvaise solution à un vrai problème" s'insurge Alsace Nature, rappelant l'incohérence du GCO "avec les enjeux énergétiques, climatiques, de santé publique et qui réduit à néant les espoirs mis dans le Grenelle de l'environnement".
L'État envisage de financer le GCO via les collectivités territoriales. Si les Verts et les socialistes obtiennent une majorité à la région dimanche prochain, ils ont d'ores et déjà annoncé qu'ils s'opposeraient à financer le projet.