Le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy revient sur son intention d'instaurer la taxe carbone en France dès le mois de juillet prochain. Il a annoncé dans un entretien au Figaro qu'il préférait finalement attendre la mise en place d'une taxe carbone au niveau européen.
Après avoir lancé un "ça commence à bien faire!" à propos des contraintes environnementales imposées aux agriculteurs pour l'utilisation des produits phytosanitaires notamment, Nicolas Sarkozy recule sur un autre point phare du Grenelle de l'environnement : la taxe carbone, appelée également contribution climat-énergie.
"Je dis très clairement que la France montrera l’exemple, que nous voulons tenir nos engagements de limitation des émissions de gaz à effet de serre, mais que nous voulons dans le même temps une taxe carbone aux frontières de l’Europe" a-t-il déclaré, ajoutant que le temps de la concertation serait pris "au niveau européen comme au niveau national".
Cette déclaration laisse entendre que l'idée d'une taxe carbone franco-française, qui aurait pu par la suite être transposée au niveau européen n'est plus à l'ordre du jour.
Après la censure de la première mouture de la taxe par le Conseil constitutionnel, sanctionnant les trop nombreuses exemptions accordées aux industriels, la taxe carbone est au point mort. Les grandes lignes d'un nouveau texte avaient été communiquées fin janvier, mais les modifications du dispositif se limitaient au strict minimum et ne portaient que sur les activités industrielles.
La taxe carbone renvoyée aux calendes grecques
L'ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin a déclaré vendredi dernier que l'instauration de la taxe carbone en France pose "problème" car "elle n'est pas applicable à court terme en Europe". "Trop de Grenelle tuerait le Grenelle" selon lui. De nombreux députés UMP ont également manifesté leur réticence vis-à-vis de la contribution climat-énergie, considérée comme une simple taxe supplémentaire.
"A la première difficulté, Nicolas Sarkozy capitule" a déclaré le député Vert Noël Mamère, qui s'est insurgé contre le Grenelle de l'environnement, le qualifiant "d'arnaque" et "d'opération de com".
"Après la manière dont il a amené les choses depuis le début, en utilisant le terme et en le vidant de sa substance et de son utilité, ces déclarations étaient plus que probables", a affirmé à l'AFP Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts.
La taxe carbone n'est pas à l'ordre du jour de la Commission européenne, qui se concentre plutôt sur le prochain Sommet climatique à Cancun début décembre prochain, l'objectif étant d'éviter un Sommet de Copenhague bis, soit nouvel échec des négociations climatiques internationales.