Pour la première fois, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) reconnaît des "effets subtils" sur le comportement de jeunes rats exposés au Bisphénol A (BPA) in utero.
De nombreuses études ont déjà démontré la toxicité du Bisphénol A (BPA), composé chimique présent dans de nombreux plastiques utilisés dans des produits de consommation courante, comme les biberons ou les boîtes alimentaires en plastique.
Récemment, des chercheurs français de l'Institut de recherche agronomique (INRA) ont démontré que le BPA diminuait la perméabilité de l'intestin, augmentant notamment les risques de maladies inflammatoires sévères à l'âge adulte, de rétention d'eau et de douleurs viscérales.
"Le BPA est suspecté d’être impliqué dans les grands problèmes de santé actuels : cancer du sein, cancer de la prostate, diabète de type 2 et obésité, atteinte de la reproduction, problèmes neuro-comportementaux, maladies cardio-vasculaires..." rappelle le Réseau Environnement Santé (RES), qui réclame le retrait du bisphénol A de tous les produits alimentaires.
Alors que le BPA est banni au Canada et commence à l'être aux Etats-Unis et que la grande majorité des études scientifiques suspecte le Bisphénol A d'être dangereux pour la santé, la ministre de la santé Roselyne Bachelot s'est toujours opposée à l'application du principe de précaution sur le BPA, s'appuyant sur des conclusions de l'Afssa qui démontrait l'innocuité de cette substance.
L'Afssa a revu sa copie
A la demande de la secrétaire d'Etat à l'écologie Chantal Jouanno, l'Afssa a dû lancer une nouvelle étude sur le BPA en juin dernier. Ses conclusions, qui viennent d'être publiées, sont prudentes mais sensiblement différentes.
"Des effets subtils, observés en particulier sur le comportement après une exposition in utero et pendant les premiers mois de vie chez de jeunes rats, amènent l'Agence à poursuivre son travail d'expertise" déclare l'Afssa, qui veut travailler avec l'Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) "pour comprendre la signification en terme de santé humaine de ces signaux d'alerte, éclairer le consommateur et permettre aux pouvoirs publics de prendre des mesures appropriées".
L'Afssa préconise aux consommateurs, en attendant les résultats des nouvelles études, d'éviter de chauffer à très forte température l'aliment (eau, lait, soupes…) s'ils utilisent des biberons ou des récipients en polycarbonate.
Le Réseau Environnement Santé demande quant à lui "de prendre une décision d'interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires, seule mesure susceptible d'arrêter la contamination maternelle et par voie de conséquence celle de la quasi-totalité des foetus".