L'étude Ecophyto R&D coordonnée par l'Institut de Recherche Agronomique (INRA) estime qu'une réduction de 30 % de l'usage des pesticides dans l'agriculture française pourrait être mise en place facilement, avec une incidence faible sur la production.
Dans le cadre du Grenelle de l'environnement, le gouvernement a fixé l'objectif de réduction de l'utilisation des pesticides dans l'agriculture française de 50 % en 2018. Un premier palier de réduction de 30 % des pesticides est réalisable "sans bouleversement majeur des systèmes de production" selon l'INRA.
L'étude démontre qu'une réduction de 30 % du recours aux pesticides aurait peu ou pas d'incidence sur les marges et réduirait la production agricole d'environ 6 %.
"Un raisonnement accru des interventions basé sur une mobilisation large des outils d’aide à la décision existants et d’observation au champ permet de réduire le recours aux pesticides de 3 % (pour le pois) à 40 % (pour le maïs grain) en moyenne, selon les cultures, par rapport à la conduite intensive, sans affecter le niveau de production pour la majorité d’entre elles" explique l'INRA. En arboriculture fruitière, les marges de manoeuvre apparaissent cependant plus étroites, notamment pour les pommes.
Taxer les pesticides pour compenser la baisse de production
L'étude de l'INRA a calculé les niveaux de taxes et de subventions qui permettraient, en grandes cultures, d’atteindre des objectifs de réduction des pesticides allant de 10 à 50 %.
"Un système de taxation des pesticides avec redistribution aux producteurs des recettes de la taxe incite à la réduction de l’utilisation des pesticides, tout en compensant globalement pour les producteurs la diminution de marge induite par la taxe. Cependant, pour atteindre des niveaux de réduction supérieurs à 30%, le niveau de taxe doit être élevé" explique l'INRA. Combinée avec un système de subvention, le niveau de la taxe pourrait être cependant plus faible.
L'objectif de réduction de 50 % de l'utilisation des pesticides pourrait être atteint avec une nouvelle conception des systèmes de production qui aurait des effets significatifs sur le niveau de production et les marges selon l'INRA. Elle imposerait des modifications au niveau des filières et des marchés, des changements profonds s’inscrivant dans la durée et la levée de tous les obstacles aux changements de pratiques, pour s'inscrire dans une agriculture plus durable.