Le Sommet de Copenhague s'est achevé sur un accord à minima juridiquement non contraignant pour lutter contre le réchauffement climatique à l'échelle mondiale. Une immense déception, notamment pour les pays en voie de développement.
Le Sommet de Copenhague devait être l'événement qui concrétisait la volonté de la grande majorité des pays du monde de lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences.
Il a été au contraire le révélateur des incohérences et des égoïsmes des Etats en matière de coopération internationale et de politique climatique. Pas de réductions d'émissions de gaz à effet de serre chiffrées, pas de calendrier ni de répartition du financement de l'aide aux pays en voie de développement, pas d'instance internationale pour vérifier les engagements en termes d'émissions, pas de poursuite du Protocole de Kyoto. Copenhague est pour le moment une coquille vide.
Les Nations Unies "prennent note" de l'accord de Copenhague, c'est-à-dire que le texte final n'est pas juridiquement contraignant pour les pays qui l'ont signé.
Le Protocole de Kyoto s'arrête
Le Protocole de Kyoto, qui s'achève début 2013 et devait trouver une suite à Copenhague n'existera plus après cette date : les pays industrialisés ne voulaient pas d'un Protocole de Kyoto bis, qui ne contraignait pas les pays en voie de développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Les pays du sud souhaitaient au contraire un prolongement de Kyoto avec des objectifs de réductions d'émissions encore plus forts pour les pays riches et l'entrée des Etats-Unis dans le système.
Le texte de Copenhague reconnaît que la hausse des températures mondiales doit être inférieure à 2°C, ce qui avait déjà été spécifié lors du Sommet du G8 à l'Aquila au mois de juillet dernier. Mais les objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre des pays signataires de l'accord ne sont pas stipulés: aucun objectif précis de réduction d'émissions, même ceux sur lesquels l'Union Européenne, les Etats-Unis ou la Chine s'étaient engagés ne sont rappelés dans l'accord.
L'empire du milieu s'est d'ailleurs fermement opposé à la mise en place d'une instance internationale qui serait chargée de contrôles les émissions des différents pays, évoquant l'ingérence.
Financement flou des pays pauvres
La création d'un "Fonds climatique vert de Copenhague" est spécifié dans l'accord : il soutiendra des projets de lutte contre la déforestation, de développement des énergies renouvelables, d'adaptation aux conséquences du réchauffement climatique pour les pays les plus démunis. Le chiffre de 100 milliards de dollars d'aide d'ici 2020 est évoqué, mais sans répartition des contributions à verser par les pays donateurs ni répartition des montants et des pays qui recevront ces aides.
10 milliards de dollars par an pendant les 3 prochaines années devraient être alloués par les pays les plus riches aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables aux changements climatiques, mais la répartition n'est pas non plus établie.
Quel avenir pour Copenhague ?
Toutes les associations de défense de l'environnement, ONG, personnalités impliquées dans la lutte contre le réchauffement climatique ont un déploré un véritable "fiasco".
"Pas de contrainte, aucun objectif à 2020 ni à 2050 : difficile d'imaginer pire conclusion pour la conférence de Copenhague" déclare Greenpeace. Nicolas Hulot considère le résultat de Copenhague "consternant et affligeant". Selon les Amis de la Terre, c'est "un échec dramatique"."Les promesses affichées jusqu'à présent aboutiraient à un réchauffement de 3,5 degrés" constate le député européen Yannick Jadot.
"Le sommet de Copenhague n’est pas intéressant par son résultat mais par ce qu’il a permis de mettre en lumière" souligne Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement. "L’échec de Copenhague peut créer un électrochoc à l’origine d’une mobilisation citoyenne plus importante qui permette réellement d’obtenir un accord juridiquement contraignant en 2010 : il sera difficile pour nos gouvernants de jouer deux fois de suite la même tragicomédie !" explique-t-il.
Les Etats doivent se retrouver à Bonn dans 6 mois et à Mexico dans 1 an pour poursuivre les négociations, qui avaient débuté à Bali il y a 2 ans. Ils ont encore l'occasion de s'engager fermement contre le réchauffement climatique, au travers d'un accord chiffré et contraignant, favorable à l'avenir de l'humanité plutôt qu'aux intérêts nationaux à court terme.