Une note confidentielle du Préfet des Côtes d'Armor sur la prolifération des algues vertes en Bretagne a été rendue publique. Seul un changement profond des pratiques agricoles pourra diminuer le nombre d'algues vertes toxiques selon lui.
Le Préfet des Côtes d'Armor Jean-Louis Fargeas a adressé une note au premier ministre, au ministre de l'intérieur et à la secrétaire d'Etat à l'écologie. Il dresse un constat accablant du modèle d'agriculture intensive en Bretagne, responsable de la prolifération des algues vertes toxiques en Bretagne.
"La diminution visible et notable" des algues vertes "ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés" souligne-t-il. Il affirme cependant que "cette évolution n'est pas envisageable" car la profession agricole n'est pas prête à l'accepter "pour le moment". 2 190 exploitations sont présentes sur ce secteur.
"Il n’est pas question de stopper l'activité agricole !" précise Jean-Claude Bévillard, secrétaire national de FNE. "La résolution du problème des algues vertes devra en revanche passer par un nouveau projet pour l'agriculture bretonne, comme l'agriculture bio et de Haute Valeur Environnementale (HVE), caractérisée par une faible dépendance aux intrants (engrais, énergie, aliments du bétail,...) et une place laissée à la nature (prairies naturelles, haies, bosquets,...)"explique-t-il.
"L'arrêt total de l'agriculture ne permettrait d'obtenir des résultats qu'en 2020" ajoute le préfet dans son rapport, attestant que le phénomène des algues vertes ne peut "que perdurer".
L'Etat doit afficher une politique volontariste
Selon France Nature Environnement (FNE), "la responsabilité du phénomène des marées verte est collective, partagée entre agriculture, assainissement urbain et tourisme, industrie, particulièrement agroalimentaire et politique conduite par l’Etat. La solution ne pourra donc être que collective".
FNE se joint à la demande de Jean-Louis Fargeas, qui préconise à l'Etat "d'afficher une politique volontariste pérenne" pour "la stabilisation, voire à la limitation raisonnée" des algues toxiques.
Une commission interministérielle devrait remettre ses conclusions au premier ministre François Fillon d'ici la fin de l'année et faire des préconisations pour diminuer les algues vertes et réorienter le secteur agricole breton.