Un remarquable documentaire diffusé hier soir sur Arte révèle qu'EDF exporte en Russie son uranium de retraitement. 10% de cet uranium est enrichi et retourne en France, les 90 % restant sont entreposés en Russie sans aucune sécurité.
Le site internet d'Areva affirme deux choses concernant le recyclage des combustibles nucléaires.
Selon le géant nucléaire, le recyclage du combustible se fait en circuit fermé : hormis les 4 % de déchets ultimes hautement radioactifs pris en charge à La Hague, les 96 % restant sont intégralement recyclés. Le plutonium devient du Mox, l'uranium est enrichi pour redevenir combustible.
"L'uranium est entreposé sous forme stable et constitue ainsi une réserve de matières énergétiques. Une partie de l'uranium est recyclée sous forme de combustible" affirme le site d'Areva.
L'enquête de Laure Noualhat et Eric Guéret prouve que ces affirmations sont fausses. Areva ne disposant pas de la technologie pour enrichir l'uranium de retraitement, elle l'expédie à 8 000 kilomètres au fin fond de la Sibérie, un transport à très haut risque.
108 tonnes sont envoyées tous les ans depuis les années 70 dans une ville "secrète" baptisée Tomsk 7 fermée aux journalistes et aux étrangers. Les russes enrichissent cet uranium pour qu'il redevienne combustible.
L'enquête nous apprend que seuls 10 % de cet uranium peut être enrichi : les 90 % restant d'uranium appauvri restent en Russie, stockés sur un parking à ciel ouvert, sans aucune protection.
Mensonges et contradictions
Le porte-parole d'Areva, Jacques-Emmanuel Saulnier récuse l'abandon de 90 % de ces déchets en Russie. "La matière enrichie revient au client (EDF) et la matière appauvrie revient à l'enrichisseur (l'industriel russe)" déclare-t-il.
La présidente d'Areva Anne Lauvergeon a affirmé qu'elle attendait "un contrat d'EDF pour le faire pour EDF (enrichir l'uranium ndlr)". Areva "a la technologie" a-t-elle affirmé sur Canal + hier, alors que son porte-parole affirmait le contraire lors de son interview dans le documentaire.
EDF a affirmé ne transporter "aucun déchet nucléaire en Russie". "C'est seulement l'uranium recyclable, issu du traitement des combustibles des centrales nucléaires d' EDF qui est transporté en Russie pour être enrichi" se justifie EDF, omettant de préciser que seuls 10 % sont recyclés.
Devant l'ampleur du scandale, la secrétaire d'Etat à l'écologie Chantal Jouanno a demandé une enquête interne à EDF.