La France, climat tempéré, s'attendait à des conséquences minimes du réchauffement climatique. Il n'en est rien : l'augmentation des températures coûtera plusieurs centaines de millions d'euros par an à de nombreux secteurs.
Le groupe de travail interministériel piloté par l’ONERC et la Direction Générale de l’Energie et du Climat, qui a travaillé sur l’évaluation des impacts du changement climatique, du coût des dommages et des mesures d’adaptation, vient de rendre son rapport.
Les impacts du changement climatique ont été étudiés sur 10 secteurs : la santé, l'énergie, l'urbanisme-cadre bâti-infrastructures de transport, la biodiversité, le tourisme, les risques naturels et assurances, l'agriculture, la forêt, la ressource en eau et les territoires.
Les scénarios optimistes et pessimistes du GIEC ont été repris par le CNRM/Météo-France, qui ont réalisé des projections et des simulations pour chaque secteur. Les conclusions sont édifiantes : tous les secteurs seront touchés par les conséquences du réchauffement climatique, dont certains de façon brutale.
Des centaines de millions d'euros pour l'agriculture et les vins
Concernant l'eau, un déficit de 2 milliards de m3 par an pour la satisfaction des besoins actuels de l’industrie, de l’agriculture et de l’alimentation en eau potable devrait être observé à l’horizon 2050.
L'agriculture souffrirait tout particulièrement : elle devra afficher une hausse de rendement tout en affrontant des événements extrêmes, des variabilités inter-annuelles, des risques sanitaires et une baisse de disponibilité en eau.
"A titre d’exemple, la multiplication des événements de type canicule de 2003 pourrait représenter en 2100 un coût allant jusqu’à plus de 300 millions d’euros par an pour une culture comme le blé" explique le rapport.
Le vin subirait également le changement climatique avec de fortes disparités territoriales. Des baisses de rendement seraient attendues dans des régions comme le Languedoc. En revanche, une hausse de rendement serait constatée en Bourgogne "mais avec des effets potentiellement négatifs sur la qualité et la typicité des vins". Le coût de compensation des pertes de rendements s'élèverait à 200 millions d’euros par an sur la seconde moitié du XXIème siècle.
Les forêts gagneraient quant à elles en productivité avec la hausse des températures mais subiraient des pertes qui pourraient être équivalentes, à cause du dépérissement, de la sécheresse et des risques accrus de feux.
Conclusions plus nuancées sur la santé et les infrastructures
Le rapport met en avant des incertitudes concernant les conséquences sur la santé, mais pointe des phénomènes déjà observables : les canicules ou encore les inondations ont un coût considérable en termes de santé (500 millions d'euros pour la canicule de 2003).
Concernant l'énergie, les impacts seront moindres, une tendance d’économie d’énergie de l’ordre de 3% à cause des hivers plus doux est soulignée par le rapport, ainsi que de plus gros pics de consommation en période chaude pour la climatisation. Une baisse de productivité des centrales hydroélectriques de 15 % à cause du manque de ressource en eau sera constatée.
Pour les infrastructures routières, les évaluations restent limitées. Un risque est pointé du doigt : le risque de submersion marine lié à une remontée d’ensemble du niveau de la mer d’un mètre. Il représenterait "un coût patrimonial, pour le réseau routier national métropolitain (hors autoroutes concédées et autres voiries), de 2 milliards d’euros".
Quant à la biodiversité, elle souffre d'ores et déjà du réchauffement climatique."Des signes de modifications de la biodiversité terrestre, aquatique et marine, attribuables aux changements graduels induits par le changement climatique, sont d’ores et déjà observables" déclare le rapport, notamment par la modification des températures, de la pluviométrie et de l'acidification des océans.