Alors que le salon Apimondia 2009 dédié aux abeilles et à l'apiculture s'est achevé hier, les inquiétudes relatives à la surmortalité des abeilles vont grandissantes. L'agriculture intensive est pointée du doigt.
Le salon Apimondia a fermé ses portes sur un constat amer : la surmortalité des abeilles est un phénomène grandissant, international et non résolu.
Des colonies entières d'abeilles sont décimées ou ne rentrent pas dans leur ruche : le phénomène est omniprésent en Europe et aux Etats-Unis.
Outre-Atlantique, les chercheurs le qualifient de syndrome d'effondrement des colonies (Colony collapse disorder) : 36 % des colonies d'abeilles américaines ont été perdues en 2007 et en 2008.
En Europe, les statistiques de pertes d'abeilles varient entre 10 % à 30 % des colonies, la France oscillant autour de 25 %. Une catastrophe pour les apiculteurs, la biodiversité et l'alimentation mondiale.
Les abeilles nourrissent les hommes
Le rôle essentiel de pollinisation des abeilles offre à l'espèce humaine 35 % de sa nourriture. Une étude de l'INRA et du CNRS en 2008 avait chiffré la valeur de l'activité de pollinisation des insectes, majoritairement des abeilles, à 153 milliards d'euros sur les principales cultures alimentaires de l'homme.
"Les résultats montrent que les équilibres alimentaires mondiaux seraient profondément modifiés pour trois catégories (les fruits, les légumes et les stimulants) en cas de disparition totale des pollinisateurs : la production mondiale ne suffirait plus à satisfaire les besoins aux niveaux actuels. Les régions importatrices nettes comme l'Union européenne seraient plus particulièrement touchées" concluaient l'INRA et le CNRS.
Agriculture intensive, parasite et champignon
Pourquoi les abeilles meurent-elles ? Les réponses varient, mais elles sont unanimes en ce qui concerne la responsabilité de l'agriculture intensive. Les insecticides, les pesticides et tout particulièrement les neurotoxiques sont mis en cause.
"Depuis des milliers d'années, les abeilles se sont très bien accommodées des parasites et des maladies, ce qui est nouveau c'est ce qui a été introduit par l'homme: les neurotoxiques" a déclaré à l'AFP le docteur Jean-Marc Bonmatin, chercheur à Orléans.
"Après avoir butiné des tournesols traités au niveau des semences par des pesticides neurotoxiques, les abeilles présentent des comportements anormaux, elles sont prises de convulsions" explique-t-il.
Ces pesticides désorientent les abeilles et les affaiblissent, les rendant vulnérables aux parasites : le Varroa Destructor profite alors de cette faiblesse, ainsi que le champignon parasite microscopique Nosema Ceranae. Un virus qui paralyse les abeilles a également été découvert : il s'agit d'une variante du virus IAPV (Israeli Acute Paralysis Virus). De multiples facteurs combinés seraient responsables de la surmortalité des abeilles, selon les chercheurs présents à Apimondia.
Les apiculteurs veulent moins de pesticides
L'Union nationale de l'apiculture française a réitéré son appel "solennel" aux pouvoirs publics afin d'évaluer de façon "plus rigoureuse et complète de la toxicité des produits phytosanitaires".
La réduction de 50 % de pesticides dans l'agriculture française fait partie des objectifs du Grenelle de l'environnement, via le plan "écophyto 2018". Mais des contradictions sont encore présentes : l'insecticide Cruiser, qualifié de tueur d'abeilles par les apiculteurs, a vu son autorisation renouvelée pour 2009 par le ministère de l'agriculture.