Jacques Fabry, 57 ans, se définit comme un "témoin privilégié des bouleversements climatiques qui malmènent toute la terre et tout ce qui y vit". Il nous parle de la vie des abeilles en milieu urbain.
L’annonce de la disparition des abeilles domestiques a eu le mérite d’attirer l’attention sur le sort des autres insectes pollinisateurs dont l’abeille charpentière et l’osmie.
Crise du logement pour les abeilles
Les abeilles sauvages tout comme les moineaux, les hirondelles ou les chauves-souris sont victimes des progrès techniques des maisons des hommes. Impossible de se loger en ville dans lesquelles les poutres sont traitées avec des insecticides puissants et durables, et où les accès sous les tuiles et aux greniers sont barricadés.
Guère de possibilités non plus en campagne où la conception des exploitations agricoles n’a plus rien à voir avec les anciennes fermes ; les normes d’hygiène et la rentabilité étant passées par là.
Par ailleurs chauffage au fuel et chauffage électrique ont entraîné la raréfaction des tas de bois. Faute de logement, pas de reproduction et si moins d’abeilles sauvages, moins de pollinisation.
Heureusement les consciences ont changé, le citadin peut acheter des nichoirs pour toutes sortes d’oiseaux, des maisons pour les chauves-souris ou des abris pour les insectes. Des associations de toutes tailles ainsi que de nombreux blogs d’amis de la nature proposent en plus des conseils et la réalisation de divers bricolages pour aider ces abeilles sauvages.
Enfin l’ONF allie préservation de la nature, étude scientifique, pédagogie et communication en installant fin juillet 2009, des "hôtels de charme pour les abeilles forestières" en région parisienne, dans les forêts domaines des Yvelines.
La crise du logement est terminée pour les abeilles sauvages, elles vont pouvoir continuer à exprimer toutes leurs compétences en matière de pollinisation.
L'abeille charpentière dort à l'hôtel
L’abeille charpentière (xylocopa violacea) est un insecte spectaculaire par sa taille, sa couleur, la vitesse et le bruit de son vol. Seule la femelle est équipée d’un dard, heureusement elle a trop à faire pour penser à s’en servir.
C’est elle qui cherche un vieux bois pour y creuser des galeries à la seule force de ses mandibules et sans en tirer nourriture, les copeaux sont rejetés au pied du trou qui servira d’abri aux larves. Ensuite, elle visitera des milliers de fleurs pour se nourrir et ramener nectar et pollen qu’elle entassera dans chaque cellule de ponte. Une abeille solitaire, qui fait tout, toute seule, même s’il arrive qu’elle partage une poutre ou un "hôtel de charme" avec d’autres abeilles charpentières et quelques osmies.
L’abeille charpentière profite du développement des jachères apicoles en campagne, du choix des fauchages tardifs (ou raisonnés) des bords de route, de l’engouement des particuliers comme des municipalités pour les plantes mellifères. A l’odorat principalement, elle rejoint sans difficulté ces parterres fleuris. Aucun obstacle ne semble pouvoir arrêter cette récolteuse de pollen et de nectar, suréquipée et infatigable.
Pourtant, ce soir encore, beaucoup d’abeilles charpentières, d’osmies mais aussi des bourdons auront stupidement et pernicieusement disparus.
Jacques Fabry
"J'ai la chance de pouvoir vivre pleinement deux mondes, le monde des hommes civilisés avec ses lois, ses diplômes, ses réglements, ses décors, et le monde de la nature, dans les grands espaces, avec ses principes universels de vie".
Pour plus de photos et de vidéos, consultez le blog de Jacques Fabry.
Pour plus d'informations sur les hôtels des abeilles, consultez le site de l'ONF.