Le ministre du travail Xavier Darcos reçoit ce matin le PDG de France Télécom Didier Lombard, à propos de la série impressionnante de suicides chez les salariés du Groupe.
23 suicides et plus d'une dizaine de tentatives depuis un an et demi : le mal-être au travail chez France Télécom prend des proportions terribles.
La réaction de la direction du groupe s'est trop longuement fait attendre, malgré les appels des syndicats et des salariés pour modifier les conditions de travail stressantes et des styles de management décriés dans le Groupe.
Depuis la privatisation de France Télécom en 1997, des plans de restructuration, de licenciements et de mobilité ont été mis en oeuvre sans accompagnement des salariés, selon les syndicats. L'ouverture à la concurrence a accru la pression de la direction sur les employés pour atteindre les objectifs ; les méthodes de management "par l'intimidation" sont aussi pointées du doigt.
"Aujourd'hui, dans l'entreprise, les gens se sentent désemparés (...) C'est lié à la volonté de la direction que le management soit tourné vers les objectifs, sans prendre en compte le facteur humain" déclarait début août à l'AFP Patrick Diochet de la CFTC.
Sonnette d'alarme tirée par les syndicats
Les syndicats avaient écrit début août au PDG du groupe Didier Lombard. "Nous vous demandons de montrer clairement aux salariés que vous êtes déterminés à chasser la souffrance au travail de notre entreprise" et de "protéger la santé physique et mentale des salariés" exigeaient-ils.
Ils avaient été reçu fin août par le directeur des ressources humaines Olivier Barberot, qui s'était engagé sur plusieurs points : ouverture rapide d'une négociation sur le stress au travail, renforcement "des équipes de médecine au travail", "du réseau des assistantes sociales", "des équipes de ressources humaines de proximité" et "réaffirmation de la possibilité de négociations locales sur les mesures d'accompagnement liées à des projets d'évolution d'organisation".
Le gouvernement demande des comptes
Après un nouveau suicide vendredi dernier d'une employée d'Orange qui s'est jetée du quatrième étage après avoir appris son changement d'affectation, ainsi qu'une tentative hier d'une cadre de Metz, qui a avalé des barbituriques dans son bureau, le ministre du travail a convoqué ce matin le PDG du groupe Didier Lombard.
L'État, principal actionnaire du Groupe, souhaite que le directeur de l'autorité centrale de l'inspection du travail soit présent à la prochaine réunion du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail de France Télécom.
Le PDG de France Télécom devra engager "les négociations avec les représentants du personnel de l'entreprise, pour transcrire au niveau du groupe l'accord sur la prévention du stress au travail" qui avait été conclu fin 2008.
Pour Xavier Darcos, "il faut aujourd'hui que les entreprises prennent en compte les facteurs de risques pour la santé mentale liés aux organisations de travail et à leurs évolutions".
L'ancien ministre du travail Xavier Bertrand avait lancé un chantier sur la prévention du stress au travail, qui n'avait pas été suivi de fait par le patronat. Xavier Darcos va devoir mettre en oeuvre concrètement des mesures à ce sujet.