L'Autorité de la concurrence réclame une amélioration de la concurrence dans le secteur de la grande distribution au sein des DOM : les écarts de prix sur les mêmes produits entre la métropole et les DOM sont énormes et injustifiés.
Les guadeloupéens, martiniquais, guyanais et réunionnais le réclamaient depuis toujours. Il aura fallu les manifestations et les grèves qui ont duré plus d'un mois dans les Antilles pour que l'ancien secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo demande à l'Autorité de la concurrence d'analyser la situation de la grande distribution dans les Départements d'Outre Mer (DOM).
Et les résultats sont sidérants. "Les écarts de prix en magasin avec la métropole dépassent 55 % pour plus de 50 % des produits échantillonnés" explique l'Autorité de la concurrence dans un communiqué. "Un pourcentage trop élevé pour trouver exclusivement sa source dans les frais de transport et l'octroi de mer" admet-elle.
Peu de concurrence et de grossistes
Le secteur de la grande distribution est trop peu concurrentiel dans les DOM : certains groupes détiennent des parts de marché en surfaces commerciales supérieures à 40 % "soit sur la totalité du département concerné, soit sur une ou plusieurs zones de chalandise".
En cause également le nombre d'importateurs-grossistes très limité : "à La Réunion, un seul grossiste commercialise les produits de deux grands groupes fromagers métropolitains (Lactalis et Bel)" cite comme exemple l'Autorité de la concurrence.
Le distributeur ne faisant pas jouer la concurrence entre les importateurs-grossistes, "ces derniers parviennent donc à prélever des marges commerciales conséquentes, qui oscillent entre 20 et 60 % pour un nombre élevé de références, voire approchent ou dépassent 100 %".
L'Autorité de la concurrence fait plusieurs propositions pour modifier ces pratiques, très préjudiciables pour les consommateurs : réprimer les pratiques anticoncurrentielles, fluidifier le jeu concurrentiel, supprimer les barrières réglementaires à l'entrée, améliorer l'information du consommateur, mutualiser les circuits logistiques et revoir les aides aux entreprises locales. La réaction du gouvernement est désormais attendue.