323 plaintes et deux kilos d'algues nauséabondes ont été déposées au procureur de la République de Guimgamp contre le préfet des Côtes d'Armor, accusé d'encourager la prolifération des algues vertes.
Le préfet des Côtes d'Armor Jean-Louis Fargeas va prochainement recevoir 323 plaintes à son encontre, pour "mise en danger délibérée d'autrui".
Des élus locaux, associations ou simples citoyens bretons l'accusent ouvertement, non seulement de ne rien faire pour lutter contre la prolifération d'algues vertes aux émanations toxiques qui envahissent le littoral breton, mais aussi de favoriser leur développement.
Les autorisations d'exploitation ou d'extension des zones d'élevages bovins, porcins ou de volaille ont systématiquement été données par la préfecture. Ce sont ces nombreuses exploitations et l'agriculture intensive pratiquée en Bretagne qui apportent massivement des nutriments type azote, phosphore et nitrate, responsables de la pollution des eaux et de la propagation de ces algues vertes.
Ces algues sont dangereuses pour la santé humaine : lors de leur décomposition, elles émettent de l'hydrogène sulfuré qui peut tuer un homme en une minute lorsque sa concentration dans l'air est élevée. En se promenant sur une plage juchée d'algues, un cheval est mort cet été et son propriétaire a été victime d'un malaise.
L'État reconnu coupable commence à réagir
"Si nous sommes là, c'est parce que nous sommes obligés de nous substituer à l'État face aux dangers de l'hydrogène sulfuré" a expliqué Yves-Marie Le Lay, président de l'association Sauvegarde du Trégor. "On veut mettre le préfet des Côtes d'Armor devant ses responsabilités. Nous estimons que c'est lui qui met délibérément en danger nos vies" a-t-il ajouté.
Après des années d'inaction et une condamnation par le tribunal de Rennes et par la Cour de justice européenne, l'État français commence à réagir.
Il avait été jugé coupable de carences "dans la mise en œuvre des réglementations nationale et européenne" en matière de lutte contre la pollution des eaux, constituant "une faute de nature à engager sa responsabilité, et que cette faute est en relation directe avec la pollution nitratée des eaux à l’origine du phénomène des marées vertes dans les baies de Saint Brieuc et de Douarnenez".
Fin août, le premier ministre François Fillon, accompagné de la secrétaire d'Etat à l'écologie Chantal Jouanno, de la ministre de la santé Roselyne Bachelot et du ministre de l'agriculture Bruno Le Maire se sont déplacés à Saint-Michel-en-Grève, où l'accident du cheval a eu lieu. Ils ont annoncé qu'un plan d'action serait proposé d'ici 1 à 3 mois, par une mission interministérielle.