La taxe carbone, dont l'objectif était de diminuer les consommations d'énergie, notamment d'énergies fossiles très émettrices de CO2, ressemble en l'état actuel à une taxe supplémentaire sans impact écologique.
La taxe carbone, ou contribution climat-énergie proposée par le premier ministre François Fillon ne ressemble plus à celle préconisée à l'origine par Nicolas Hulot dans son pacte écologique. Celle-ci visait à faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d'énergie fossile, responsables du réchauffement climatique.
Dans les nombreux débats qui entourent aujourd'hui cette taxe, l'objectif principal de réduction de consommation du pétrole, du gaz, du charbon et de l'électricité semble avoir été mis de côté au profit de querelles politiques et de maintien du pouvoir d'achat à tout prix.
Un prix du carbone écologiquement inutile ?
Faisant fi des préconisations de la commission Rocard, qui proposait un coût de 32 euros la tonne de carbone pour aboutir progressivement à 100 euros en 2030, François Fillon veut la diminuer à 14 euros.
Un niveau de prix qui n'aurait pas de répercussions sur la consommation ou le comportement des français vis-à-vis de l'énergie ou du pétrole, selon les écologistes. "Fixer la taxe à 15 euros par tonne de C02, c'est la vider de son contenu et de son impact. Ça revient à un coup d'épée dans l'eau" déplore le député européen Jean-Paul Besset, proche de Nicolas Hulot.
Jean-Marc Jancovici, qui a participé à la commission des experts de Michel Rocard, rappelait sur RMC ce matin qu'au Danemark, une taxe carbone à très faible coût avait été instaurée : les émissions de CO2 danoise ont continué à augmenter.
Incohérence écologique supplémentaire, François Fillon a confirmé que l'électricité ne sera pas taxée. Le premier ministre justifie cette décision très critiquée en affirmant que "l'électricité très majoritairement issue du nucléaire" rejette moins de carbone que les énergies fossiles. Selon Nicolas Hulot, il faut revenir "très rapidement" sur cette décision.
"Il faut réduire notre consommation d'énergie, y compris notre consommation électrique. Je rappelle que, dans les périodes de pointe, on va chercher de l'électricité qui provient d'énergies fossiles" a-t-il martelé.
Un mécanisme de compensation flou
Le premier ministre a expliqué à propos de la taxe carbone dans un entretien au Figaro qu'il prenait "l'engagement qu'il n'y aura pas de hausse des prélèvements obligatoires".
Les ménages devraient bénéficier d'une "diminution de la fiscalité sur le travail, soit par l'impôt sur le revenu, soit par une baisse des cotisations sociales". Les compensations devraient bénéficier aux entreprises sous forme de "suppression de la part de la taxe professionnelle qui porte sur les investissements".
Une compensation qui ne semble pas favoriser les plus démunis, les personnes vivant dans des zones rurales, obligés de se déplacer en voiture, ou encore les familles qui n'ont pas les ressources financières pour investir dans un chauffage plus propre. Le débat doit maintenant porter sur "la redistribution et l'équité sociale" affirme Nicolas Hulot.
"On ne peut pas accepter que ceux qui n'ont pas de voitures, pas de transports collectifs ou qui n'ont pas la chance d'avoir des énergies propres chez eux, paient sans que cet argent leur soit reversé" a déclaré la première secrétaire du parti socialiste Martine Aubry.
La secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot et Jean-Paul Besset d'Europe Ecologie seront reçus par Nicolas Sarkozy aujourd'hui à 18 h 30. Les mécanismes de redistribution de la taxe y seront sans aucun doute abordés.