Un donneur de moëlle osseuse contacté par l'Etablissement Français de Greffe et compatible avec un receveur s'est vu refuser son don de moelle car il est homosexuel. Il a entamé une grève de la faim.
"Une injustice et une discrimination" s'insurge Frédéric Pecharman, donneur de moelle osseuse inscrit à l'Etablissement Français de Greffe (EFG) depuis presque 15 ans. Contacté par l'EFG mi-mai, il se rend au rendez-vous dans l'intention de donner un peu de sa moelle osseuse à un receveur compatible.
"Par honnêteté et parce que je préférais anticiper les choses plutôt que de les subir, j'ai informé que j'étais exclu du don du sang parce que j'étais homosexuel" a-t-il expliqué au quotidien La Dépêche. "Le responsable, un peu gêné m'a alors répondu que dans ce cas, je ne pouvais pas non plus faire un don de moelle osseuse".
Depuis mars 1983, les homosexuels ne peuvent pas donner leur sang par interdiction de la direction générale de la santé : ils sont considérés comme une "population à risques" concernant la contamination par le VIH/SIDA.
La ministre de la santé Roselyne Bachelot a réitéré cette interdiction en janvier 2009, la justifiant par des données épidémiologiques : "entre 10 et 18 % des gays sont contaminés, alors que ce pourcentage est de 0,2 % pour les hétérosexuels. Les situations épidémiques ne sont pas les mêmes. Il y a un risque, et ce risque est trop élevé" déclare-t-elle.
Cette exclusion des homosexuels masculins est "bien violente et discriminatoire" déclarait l'association Act Up, qui ajoute qu'elle "n’est pas sanitairement justifiée", les hétérosexuels étant désormais davantage concernés par les nouvelles contaminations que les gays.
"Roselyne Bachelot entretient la fiction discriminatoire, et dans ce cas d’espèce homophobe, selon laquelle il y aurait des groupes à risques ; or il n’y a que des pratiques à risques" explique Act up, qui rappelle que le Portugal notamment a ouvert le don du sang aux homosexuels au nom de "l'égalité des critères pour tous".
"Je suis exclu parce que je suis gay alors que j'étais compatible avec un receveur et qu'il manque cruellement de donneurs. C'est faire peu de cas de l'espèce humaine" déplore Frédéric Pecharman, qui a entamé une grève de la faim de 30 jours, pour "susciter la réflexion des gens, des responsables d'associations et des politiques".